08.05.2003 - TPIR/KAMUHANDA - l'EXTREMISME EST NE DU "HUTU POWER", SELON UN TEMOIN EXPERT

Arusha, le 8 mai 2003 (FH) - Un témoin expert déposant à décharge dans le procès de l'ancien ministre de l'Enseignement supérieur, Jean de Dieu Kamuhanda, a déclaré mercredi au Tribunal Pénal International pour le Rwanda que l'extrémisme au Rwanda était né du "Hutu power". Nkiko Nsengimana, un politologue rwandais résidant en Suisse, a principalement évoqué la situation politique au Rwanda en 1993 et 1994.

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Il a indiqué que le "Hutu power" a été promu après les divisions internes du MDR (Mouvement Démocratique Républicain), dans l'intention de radicaliser le parti, ce qui s'est effectivement passé. Le MDR était l'un des principaux partis de l'opposition au Rwanda en 1993.

Selon le témoin, le mouvement "Hutu power" s'est développé progressivement, rejoint par la faction radicale de l'aile jeunesse du MRND, le parti au pouvoir, pour finalement devenir un mouvement extrémiste.

Commentant la situation politique au Rwanda en 1993, le témoin a indiqué que l'assassinat du président burundais Melchior Ndadaye, cette même année, avait eu des répercussions sur la scène politique rwandaise. Des problèmes seraient apparus, qui auraient engendré des divisions au sein des partis politiques et, finalement, une radicalisation

Selon Nsengimana, l'élection démocratique de Ndadaye avait envoyé un signal fort aux leaders rwandais et fut un des éléments déclencheurs des accords de paix D'Arusha, en 1993.

Nsengimana s'est ensuite penché sur les désaccords régnant au sein des partis quant au partage du pouvoir." Ils ne parvenaient pas à s'accorder sur qui devait devenir ministre, ou membre du Parlement. Cela a généré des problèmes, sans solutions," a déclaré le témoin.

Evoquant le chef de l'Etat rwandais, Nsengimana a estimé que Habyarimana s'était retrouvé dans une étrange situation quant au partage du pouvoir entre le MRND, le FPR et D'autres partis politiques en vertu de l'accord D'Arusha. Habyarimana avait requis les deux-tiers des sièges au Parlement pour le MRND, tandis que le FPR faisait une demande similaire.

Nsengimana a également mis en avant le fait que les leaders du MRND, y compris le president Hbyarimana, étaient opposés aux accords D'Arusha. D'après lui, tous avaient peur de perdre les avantages liés à l'exercice du pouvoir.

De plus, et avant l'avènement du multipartisme au Rwanda, le leadership D'Habyarimana aurait été critiqué en interne pour la discrimination régionale dont il faisait preuve. Le président avait concentré le pouvoir entre les mains D'une minorité de Hutus du nord, marginalisant les Hutus du sud et les Tutsis.

Le procès se poursuit jeudi avec la suite de l'interrogatoire principal de Nsengimana par le conseil de Kamuhanda, la Guinéenne Aicha Conde.

Le procès Kamuhanda se déroule devant la deuxième chambre du TPIR, présidée par le juge tanzanien William Hussein Sekule, assisté des juges malgache Arlette Ramaroson et de Winston Churchill Matanzima Maqutu du Lesotho.

CE/PJ/GF/FH (KH'0508e)