08.05.2003 - TPIR/MEDIA - LE PARQUET CONTESTE LA CREDIBILITE DU DR STRIZEK

Arusha, le 8 mai 2003 (FH) - La crédibilité du Dr Helmut Strizek, un témoin expert cité par la défense du professeur Ferdinand Nahimana, un des trois accusés dans le procès des "médias de la haine", a été mise en doute, mercredi par le parquet du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Il était contre-interrogé par la représentante américaine du bureau du procureur, Simone Monasebian.

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Nahimana est un des promoteurs allégués de la Radio-télévision libre des Mille collines (RTLM) qui a incité au génocide anti-tutsi et aux massacres D'opposants au Rwanda en 1994. Il est accusé avec l'ancien directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze, ansi que l'ancien conseiller politique au ministère des affaires étrangères et membre du comité D'iniatiative de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza.

Le Dr Strizek témoignait pour la troisième journée consécutive en faveur de Ferdinand Nahimana.

Le Dr Stizek est un politologue et un historien qui a fait des recherches sur l'Afrique des grands lacs, en particulier le Rwanda et le Burundi.

Simone Monasebian a contesté la crédibilité de ses sources. Elle a allégué que l'expert était "biaisé" dans ses recherches, affirmant qu'il n'utilisait que de sources qui ternissent l'image de l'actuel gouvernement du Rwanda.

Le substitut du procureur s'est appuyé sur une lettre que le Dr Strizek a adressée à l'organisation américaine de défense des droits de l'homme, Human Rights Watch, en recherchant auprès D'elle les seules informations qui parlaient du Rwanda négativement.

"Il est surprenant que vous ayez cette information. J'ai demandé des renseignements sur le Rwanda et on m'a dit D'attendre que Alison Des Forges soit disponible", a répondu l'expert.

Chargée de l'Afrique centrale à Human Rights Watch, Alison Des Forges est un expert du procureur dans cette affaire.

Le procureur s'est ensuite livré à l'exercice de relever des contradictions de l'expert, en vue de mettre à mal sa crédibilité.

Simone Monasebian lui a par exemple demandé s'il avait eu vent de ce que Nahimana aurait été l'idéologue de la RTLM et l'expert a répondu par la négative. La représentante du procureur a alors exhibé un passage traduit de son livre en allemand dans lequel il aurait écrit explicitement que l'accusé était l'idéologue D'une station de radio.

Le témoin s'est par ailleurs refusé à établir un parallèle entre le génocide rwandais et l'holocauste juif, déclarant qu'ils n'étaient pas comparables. Confronté à certains extraits D'émissions de la RTLM pendant le génocide qui présenteraient des ressemblances avec celles qui ont été mises en preuve lors des procès de Nuremberg, l'expert a indiqué qu'il s'agissait "D'une fausse et dangeureuse propagande."

Le débat a souvent pris une tournure polémique entre les conseils de la défense et la poursuite, amenant le président de la chambre à restaurer la discipline.

Le procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par la juge sud-africaine Navanethem Pillay et comprenant en outre les juges norvégien Erik Mose et sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana.

Le Dr Strizek poursuit sa déposition jeudi.

AT/KN/CE/GF/FH(ME'0508A)