22.04.2003 - TPIR/KAJELIJELI - L’ACCUSE ELUDE LES QUESTIONS, SELON LE PARQUET

Arusha, le 22 avril 2003 (FH) - Le parquet s’est plaint à plusieurs reprises que l'ex-maire de Mukingo (province de Ruhengeri, nord du Rwanda), Juvénal Kajelijeli éludait ses questions, mardi, devant le tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Kajelijeli répond de onze chefs d’accusation de génocide et crimes contre l’ humanité portant sur des massacres de Tutsis commis dans la commune Mukingo et dans la région environnante, entre avril et juillet 1994.

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"Je demande, Monsieur le Président, qu’il soit inscrit au procès-verbal , que l’accusé élude mes questions », a insisté à plusieurs reprises la représentante du Procureur, la Nigériane Ifeona Ojemini, qui contre-interrogeait l’accusé.

Dans la matinée, par exemple, Mme Ojemini a dû poser six fois une question à l’accusé qui témoigne pour sa propre défense depuis le 14 avril dernier.

Pour sa part, Kajelijeli n’a cessé d’arguer, durant la journée, que les questions du Procureur étaient confuses et imprécises.

"Monsieur le Président, Honorables juges, est-ce que vous comprenez cette question, vous ? Moi je ne la comprends pas", a notamment lancé l’accusé, demandant au tribunal "d’aider le Procureur à poser clairement sa question".

En maintes occasions, le juge président de la chambre, le Tanzanien William Hussein Sekule, a dû intervenu pour rappeler l’accusé à l’ordre.

"Vous ne devez plus faire cela. Répondez à la question. Sachez que le Procureur fait son travail", a ordonné le juge à un moment donné.

Comme lors de ses comparutions antérieures, l’ex-maire a nié avoir été chef de miliciens Interahamwe ou organisé des attaques contre les Tutsis.

Au contraire, il a affirmé qu’après avoir été désigné pour la deuxième fois maire de Mukingo, en juin 1994, il a demandé que des enquêtes soient menées sur les massacres de Tutsis.

"A cause de la guerre, ces enquêtes n’ont pu être bouclées », a soutenu Kajelijeli, déclarant ressentir "une grande douleur" suite à la mort d’amis et parents tutsis tués durant les massacres de 1994.

Il a également rejeté l’allégation selon laquelle il entretenait "des liens étroits" avec l’ex-président de l’assemblée nationale intérimaire, Joseph Nzirorera, lui aussi, originaire de Mukingo et détenu par le TPIR.

L’accusé a dirigé la commune Mukingo de 1988 à 1993 puis de juin à juillet 1994, date à laquelle il a pris le chemin de l’exil, fuyant l'avancée victorieuse du Front patriotique rwandais (FPR) aujourd’hui au pouvoir.

Le contre-interrogatoire devrait se terminer mercredi dans la matinée, selon Mme Ojemini.

La chambre présidée par le juge Sekule comprend également les juges Arlette Ramaroson de Madagascar et Winston Churchill Matanzima Maqutu du Lesotho.

ER/CE/GF/FH (KJ'0422A)