10.04.2003 - TPIR/MEDIAS - LE PROCUREUR CONTESTE LA CREDIBILITE DE VALERIE BEMERIKI

Arusha, le 10 avril 2003 (FH) - Le procureur a contesté la crédibilité du témoin Valérie Bemeriki, jeudi dans le procès "des médias de la haine" en cours devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Ancienne présentatrice à la Radio-télévision libre des Mille collines (RTLM), Valérie Bemeriki, 48 ans, a témoigné en faveur de Ferdinand Nahimana, un de trois accusés dans ce procès.

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Elle est détenue dans une prison rwandaise pour "incitation aux tueries par les émissions de la RTLM".

Promoteur allégué de la RTLM, Ferdinand Nahimana est coaccusé avec un membre du comité D'initiative de cette radio, Jean-Bosco Barayagwiza, ainsi qu'avec l'ancien directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze.

Ils sont notamment poursuivis pour incitation directe et publique à commettre le génocide et entente en vue du génocide. Ils plaident non coupables.

Valérie Bemeriki a affirmé que Ferdinand Nahimana ne jouait aucun rôle éditorial au sein de la RTLM, contrairement aux allégations du procureur.

Valérie Bemeriki a ainsi contredit des déclarations qu'elle avait faites aux enquêteurs du parquet en 1999. Le témoin a allégué que les enquêteurs avaient exercé des pressions sur lui. Valérie Bemeriki a expliqué qu'elle avait menti pour sauver sa peau.

"Chaque fois que je donnais des réponses qui ne leur plaisaient pas, ils tapaient sur la table, ils parlaient à haute voix, ils disaient que ce n'était pas juste".

La représentante américaine du procureur, Simone Monasebian, a mis en doute la déposition de Bemeriki, lui suggérant :"vous ne dites la vérité que quand cela vous convient".

Simone Monasebain a ajouté :"la déposition que vous faites devant la chambre vise à vous venger du gouvernement rwandais et du bureu du procureur [du TPIR] qui, selon vous, auraient commis des crimes réels ou imaginaires contre vous".
Valérie Bemeriki a répondu que son changement D'attitude est "une décision personnelle de corriger mes mensonges".

La déposition de Valérie Bemeriki s'est terminée jeudi soir. La chambre se réunit vendredi matin avec les parties en conférence de mise en état pour déterminer le calendrier du procès. De telles conférences se tiennent à huis clos.

Le procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par la juge sud-africaine Navanethem Pillay et comprenant en outre les juges norvégien Erik Mose et sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana.

AT/GF/FH (ME'0410A)