04.04.2003 - TPIR/CYANGUGU - LE PROCES AJOURNE SINE APRES LA DEPOSITION DE l'ACCUSE BAGAMBIKI

Arusha, le 4 avril 2003 (FH) Le procès du groupe Cyangugu ( sud-ouest du Rwanda) a été ajourné sine die jeudi après la déposition de l’ancien préfet Emmanuel Bagambiki, l'un des trois accusés. Le substitut ougandais du procureur Richard Karegyesa, a annoncé son intention de faire comparaître de nouveaux témoins en réplique, pour réfuter les moyens de preuve de la défense.

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La Chambre se prononcera à ce sujet, si elle est saisie formellement.

Bagambiki a témoigné comme vingt-cinquième et dernier témoin de la défense.

Le procès de Cyangugu regroupe outre Bagambiki l’ex-commandant du camp militaire de Karambo, le lieutenant Samuel Imanishimwe et l’ancien ministre des transports et communications sous le gouvernement intérimaire André Ntagerura.

Lors de son contre-interrogatoire, Karegyesa a accusé Bagambiki d’avoir diffusé un communiqué mensonger sur Radio Bukavu (ex-Zaïre). Ce communiqué daté du 30 avril 1994 affirmait qu’il n’y avait pas eu de massacres au stade Kamarampaka, dans la ville de Cyangugu.

La version anglaise du communiqué attribue les tirs entendus dans la nuit du 28 avril 1994 à des gendarmes qui tentaient de repousser des pillards qui voulaient s'emparer des biens des des réfugiés du stade.

Selon le texte, les réfugiés “étaient à l’abri de la colère populaire”. Karegyesa a expliqué qu’en niant les massacres du stade, Bagambiki voulait faire restreindre l’intervention du Comité International de la Croix Rouge (CICR) dont il devait rencontrer des officiels le 2 mai 1994.

Le bureau du CICR dans la ville de Bukavu, voisine de Cyangugu, fournissait une assistance alimentaire et médicale aux réfugiés.

“Si Radio Muhabura (appartenant au FPR), que je n’avais pas écoutée, a fait état de massacres alors qu’ils n’ont pas eu lieu, j’avais la responsabilité de dire la vérité au peuple et à la communauté internationale", a répliqué l’accusé, réfutant l’allégation.

"Je vous suggère que vous avez causé le meurtre de 17 personnes au stade Kamarampaka, parce qu’elles étaient Tutsies", a indiqué Richard Karegyesa à l'accusé, qui a répondu qu'il avait tout fait pour restaurer l’ordre et arrêter les massacres.
"Je n’avais rien contre ces gens", a-t-il ajouté.

Richard Karegyesa a en outre accusé Bagambiki et Imanishimwe d’être directement impliqué dans ce meurtre. L’accusé a nié cette allégation.

Le procès se déroule devant la troisième chambre de première instance présidée par le juge George Lloyd Williams de Saint-Kitts et Nevis et comprenant, en outre, les juges russe Yakov Ostrovsky et slovène Pavel Dolenc.

ER/SV/KN/AT/GF/FH (CY'0404A)