12.03.2003 - TPIR/BUTARE - UN TEMOIN DU PARQUET AFFIRME QUE SA DECLARATION ECRITE A ETE MAL REPRODUI

Arusha 12 mars 2003 (FH) - Un témoin à charge a affirmé mercredi, dans le procès du groupe de Butare (sud du Rwanda), que ses propos consignés dans sa déclaration écrite avaient été mal reproduits par les enquêteurs du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Le témoin FAP, ainsi dénommée pour préserver son identité, était contre-interrogée par Me Nicole Bergevin, conseil principal de l’ancienne ministre de la famille et de la promotion féminine, Pauline Nyiramasuhuko, une des six accusés du groupe de Butare.

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Première femme à être poursuivie par le TPIR, Nyiramasuhuko est notamment accusée d’avoir incité au viol de femmes tutsies qui avaient trouvé refuge au bureau préfectoral de Butare, en mai 1994.

FAP avait affirmé, mardi, lors de son interrogatoire principal, que, en route vers le bureau préfectoral, elle avait franchi un barrage routier à l’entrée du domicile de Pauline Nyiramasuhuko.

"Ai-je raison de dire, Madame, que vous ne mentionnez cela nulle part dans votre déclaration écrite aux enquêteurs du TPIR du 6 mai 1999?" a demandé Me Bergevin.

"Chaque fois que j’ai eu à faire une déclaration, j’ai mentionné tous les barrages routiers par lesquels je suis passée, y compris celui-là", a répondu ce témoin estimant que "ils (les enquêteurs du TPIR) n’ont pas enregistré tout ce que je leur ai dit".

Elle a donné la même réponse chaque fois que le conseil de la défense relevait des contradictions entre sa déposition devant les juges et sa déclaration écrite aux enquêteurs du bureau du Procureur en 1999.

Me Bergevin avait relevé, la semaine dernière, les mêmes contradictions lors de son contre-interrogatoire du témoin SS. Le témoin SS avait elle aussi attribué ces contradictions à des erreurs de reproduction de la part des enquêteurs.

«Ce que j’ai dit devant le tribunal, je l’avais dit aux enquêteurs à moins que mes propos n’aient été mal reproduits ou qu’il s’agisse d’une erreur de traduction », avait expliqué SS à plusieurs reprises.

Me Nicole Bergevin, est le premier conseil de la défense à contre-interroger le témoin FAP.

La représentante du Procureur, la Sierra Léonaise Adelaide Whest a, pour sa part, achevé l’interrogatoire principal du témoin en fin de matinée.

Cinq autres accusés comparaissent dans ce procès : le propre fils de Nyiramasuhuko, Arsène Shalom Ntahobari , les anciens préfets de Butare, Sylvain Nsabimana et Alphonse Nteziryayo ainsi que les anciens maires Elie Ndayambaje et Joseph Kanyabashi.

Seul Elie Ndayambaje n’est pas mis en cause dans la déclaration écrite et le témoignage de FAP, le vingt-et-unième témoin à charge dans cette affaire.

Les débats se déroulent devant la deuxième chambre de première instance du TPIR présidée par le Tanzanien William Hussein Sekule et comprenant, en outre, les juges Arlette Ramaroson de Madagascar et Winston Churchill
Matanzima Maqutu du Lesotho.

ER/CE/GF/FH (BU'O312A)