28.02.2003 - TPIR/BUTARE - UN TUTSI TUE APRES AVOIR RENCONTRE NSABIMANA, DECLARE UN TEMOIN

Arusha, le 28 février 2003 (FH) - Un homme faisant partie D'un groupe de Tutsis qui demandait à l'ancien préfet de Butare, Sylvain Nsabimana, D'arrêter les massacres de Tutsis qui avaient cherché refuge au bureau de la préfecture en avril 1994, a été tué à l'issue de cette rencontre, a déclaré jeudi le dix-neuvième témoin à charge aux juges du Tribunal Pénal International pour le Rwanda. Le témoin, surnommé RE, a précisé que le jeune homme s'était rendu au bureau de Nsabimana en compagnie D'autres réfugiés afin de requérir son aide.

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"Dès qu'il est sorti du bureau et qu'il est parvenu dans la cour, J'ai vu un soldat l'emmener vers une destination inconnue", a indiqué RE.

RE, qui dépose dans le procès Butare depuis lundi, était contre-interrogé par le conseil de Nsabimana, le Camerounais Charles Tchakounte Patie.

Le procès Butare regroupe l'ancien ministre de la famille et de la promotion féminine Pauline Nyiramasuhuko, son fils Arsène Shalom Ntahobali, les
anciens préfets de Butare Sylvain Nsabimana et Alphonse Nteziryayo ainsi que l'ex-maire de Ngoma, Joseph Kanyabashi, et celui de Muganza, Elie
Ndayambaje. Les co-accusés, suspectés D'avoir perpétré le génocide dans la province de Butare (sud du Rwanda), plaident non-coupables.

RE a ajouté que les soldats présents à l'extérieur du bureau ont également battu une femme qui accompagnait le jeune homme.

"Savez-vous ce qu'il est advenu du soldat et du jeune homme ?" a demandé Me Tchakounte. "Je ne sais pas où ils sont allés. Tout ce que je sais, c'est
que le jeune homme n'est jamais revenu. J'en ai conclu qu'il avait été tué," a répondu RE.

Me Tchakounte lui a ensuite demandé comment elle était au courant de cette rencontre puisqu'elle ne faisait pas partie du groupe de Tutsis. RE a répondu que la femme agressée l'avait informée de la discussion entre Nsabimana et les réfugiés.

Le témoin s'est également souvenue que Nsabimana avait été remplacé en tant que préfet au moment où les réfugiés ont été emmenés dans la forêt de Rango, à une date qu'elle ne parvenait pas à se rappeler, sur ordre du préfet militaire, Alphonse Nteziryayo, un des co-accusés dans ce procès. Nteziryayo a remplacé Nsabimana le 17 juin 1994.

"Le préfet militaire a déclaré qu'il ne voulait pas de saleté (les réfugiés tutsis) dans sa préfecture et qu'ils (les réfugiés) devaient être transférés à Rango," a indiqué RE.

Le co-conseil de Nteziryayo, le Canadien Richard Perras, lui a alors demandé si elle avait personnellement entendu Nteziryayo prononcer ces mots. RE a rétorqué que le préfet avait envoyé son garde du corps, un Interahamwe appelé Kazungu, pour informer les réfugiés qu'ils étaient déplacés parce qu'ils étaient considérés comme de la saleté.

Le procès se poursuit vendredi pour permettre au conseil de Kanyabashi, le Canadien Michel Marchand, de contre-interroger RE.

Le procès Butare se déroule devant la deuxième chambre de première instance du TPIR présidée par le juge tanzanien William Hussein Sekule et comprenant en outre les juges malgache Arlette Ramaroson et Winston Churchill Matanzima Maqutu du Lesotho.

CE/PJ/GF/FH (BT-0228A)