12.02.2003 - TPIR/KAMUHANDA - KAMUHANDA N'AVAIT PAS D'INFLUENCE AU SEIN DU MRND, SELON UN TEMOIN

Arusha, le 12 février 2003 (FH) - Le vingt-sixième témoin de la Défense de l'ancien ministre de l'Enseignement supérieur, Jean de Dieu Kamuhanda, a déclaré mardi devant le Tribunal Pénal International pour le Rwanda que l'accusé n'avait pas D'influence au sein du MRND pendant le génocide, contrairement aux allégations du parquet. Le témoin, surnommé VPG pour préserver son anonymat, a expliqué que Kamuhanda était un membre "comme les autres" du MRND.

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Le parquet allègue que Kamuhanda était un membre important du parti politique au pouvoir et, avant D'être nommé ministre, un conseiller du président intérimaire Théodore Sindikubwabo.

"Possédait-il un pouvoir D'influence au sein du parti ?" a demandé au témoin le conseil de Kamuhanda, Me Aicha Conde. VPG a répondu : "Pas du tout ". VPG a indiqué à la chambre qu'il était lui-même membre du MRND, et occupait un poste officiel au sein de la Commission Electorale. Il a également
déclaré être un ami de l'accusé.

Le témoin a ensuite déclaré que Kamuhanda n'avait pas prononcé de discours incitant à la haine entre Hutus et Tutsis lors D'un meeting du MRND à Kayanga, dans la commune de Gikomero, en août 1993. Il a expliqué que lui-même et Kamuhanda, accompagnés par un couple tutsi, avaient assisté à ce meeting pendant à peu près deux heures. Kamuhanda a été présenté à la foule en tant qu'intellectuel de Gikomero et on lui a demandé de s'adresser aux participants. D'après VPG, Kamuhanda se serait présenté puis aurait passé le micro à VPG pour qu'il s'adresse à son tour à la foule. Le meeting
était organisé par le comité du MRND de la préfecture de Kigali rural.

Quand Me Conde a indiqué à VPG que deux témoins à charge avaient déclaré que l'accusé avait prononcé un discours lors de ce meeting, le témoin a expliqué que ce n'était pas possible puisque Kamuhanda n'avait pris la parole que pendant deux minutes.

VPG s'est également souvenu qu'il avait participé à un autre meeting politique au stade de Nyamirambo, dans la ville de Kigali, qui avait rassemblé plusieurs partis suite à la signature des accords de paix D'Arusha (1993), mais que Kamuhanda ne s'y trouvait pas.

Kamuhanda n'a pas pu atteindre Gikomero, selon le témoin
A l'instar des autres témoins à décharge, VPG a déclaré à la chambre avoir été surpris D'apprendre l'arrestation de Kamuhanda sur Radio France
Internationale. "Je vous dis que Kamuhanda est innocent. Il n'aurait jamais dû être arrêté car il n'a tué personne, " a indiqué le témoin.

Au cours du contre-interrogatoire mené par le substitut du procureur, le Nigérian Ibonukulu Babajide, le témoin a fermement déclaré que l'accusé n'avait jamais mis les pieds à Gikomero, mais qu'ils avaient fui ensemble vers Gitarama, en passant par Kigali.

Il a ensuite maintenu que l'ancien ministre n'aurait pu se rendre à Gikomero et prendre part aux tueries qui ont eu lieu à la paroisse le 12 avril 1994, comme l'allègue le parquet. Les rebelles du FPR occupaient en effet les routes qui menaient à Gikomero. Le témoin a également mis en avant qu'il
avait rendu visite à l'accusé à son domicile de Kigali les 9 et 10 avril 1994.

VPG, aujourD'hui réfugié dans un pays qu'il n'a pas cité en session publique, a indiqué qu'il ne rentrerait au Rwanda que si "les arrestations arbitraires cessaient et la justice prévalait".

Le procès a été ajourné à jeudi, mercredi étant férié en Tanzanie.

Le procès se déroule devant la deuxième chambre de première instance du TPIR présidée par le juge tanzanien William Hussein Sekule et comprenant en outre les juges malgache Arlette Ramaroson et Winston Churchill Mantanzima Maqutu du Lesotho.

CE/PJ/GF/FH (KH'0212A)