06.02.2003 - TPIR/CYANGUGU - BAGAMBIKI A ENVOYE DES GENDARMES POUR PROTEGER DES TUTSIS, SELON UN TEM

Arusha, le 6 février 2003 (FH) - l'ancien préfet de Cyangugu (sud-ouest du Rwanda), Emmanuel Bagambiki, a envoyé des gendarmes pour protéger des Tutsis qui s'étaient réfugiés au domicile D'un témoin de la défense en 1994, a-t-on appris mercredi au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Emmanuel Bagambiki, 54 ans, est accusé D'avoir planifié le génocide des Tutsis dans sa province.

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Il plaide non coupable. Il est coaccusé avec l'ancien ministre des transports et communications sous le gouvernement intérimaire, André Ntagerura, ainsi que l'ancien commandant du camp militaire de Karambo à Cyangugu, le lieutenant Samuel Imanishimwe.

Le deuxième témoin de la défense de Bagambiki a déclaré avoir caché chez lui, en 1994, deux Tutsis persécutés: un homme et une jeune fille. Le témoin a indiqué que des miliciens ont tenté D'attaquer sa résidence quand ils ont appris la présence des réfugiés. Il est parvenu à les en dissuader mais les miliciens seraient partis en menaçant de revenir.

"J'ai alors appelé Bagambiki pour lui demander de l'aide car J'étais dépassé", a rapporté le témoin. "Ce soir-là, des gendarmes envoyés par Bagambiki sont arrivés à la maison", a-t-il ajouté.

Ceux-ci ont par la suite aidé le témoin à évacuer l'homme au stade Kamarampaka, tandis que la jeune fille est restée chez lui jusqu'à la fin de la guerre en juillet 1994. "Tous les deux sont vivants aujourD'hui. J'en suis fier ", a indiqué le témoin.

Le témoin a par ailleurs déclaré qu'il connaissait Bagambiki comme étant un homme opposé à l'extrémisme. Il a expliqué qu'après l'assassinat de Martin
Bucyana (un leader hutu originaire de Cyangugu), en février 1994, Bagambiki a mené une campagne visant à calmer les Hutus qui voulaient venger sa mort.

"Dans la ville, on disait que des hommes D'affaires tutsis étaient impliqués dans l'assassinat de Bucyana. Les gens ont manifesté […] et lancé des
slogans disant que des Tutsis devaient être enterrés avant Bucyana", a expliqué le témoin. "La campagne de pacification de Bagambiki a remarquablement porté ses fruits", a-t-il ajouté.

Après cette déposition, la chambre a entendu, à huis clos, le troisième témoin de la défense de Bagambiki. Les débats ont été ensuite ajournés à
lundi prochain.

Le procès se déroule devant la troisième chambre de première instance du TPIR présidée par le juge George Lloyd Williams de Saint-Kitts et Nevis et comprenant en outre les juges russe Yakov Ostrovsky et slovène Pavel Dolenc.
AT/GG/GF/FH(CY’0205A)