05.02.2003 - TPIR/MUSABYIMANA - MUSABYIMANA N'AURAIT PAS RECU LES SOINS APPROPRIES, SELON DES DETENU

Arusha, le5 février 2003 (FH) - Plusieurs détenus du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) ont affirmé que l'évêque anglican Samuel Musabyimana, détenu au Centre de Détention des Nations-Unies D'Arusha (UNDF) et décédé le 24 janvier dans un hôpital de Moshi, n'a pas reçu les soins appropriés de la part des instances médicales du TPIR. Dans une lettre adressée au greffier du Tribunal le 27 janvier par 48 détenus (le TPIR en compte 54), il est allégué que "il y a eu négligence et que cette négligence a contribué à une mort rapide du malade.

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Les détenus retracent l'historique de la longue maladie du prélat et déplorent qu'après deux transferts à Nairobi (Kenya) et plus d’un mois et demi d’hospitalisation à Arusha, Samuel Musabyimana "a été subitement ramené à l’UNDF alors que son état de santé s’était considérablement dégradé".

"Les représentants des détenus de l’UNDF ont déploré devant le Commandant de l’UNDF les risques que comportait cette décision de garder une personne gravement malade à l’UNDF, sans qu’elle puisse bénéficier de soins médicaux, sans qu’il y ait un suivi médico-social et d’abandonner le malade pratiquement entre les mains des détenus qui ne peuvent qu’être très limités dans la nature des services qu’ils pouvaient lui rendre", poursuit la lettre.

Après sa nouvelle évacuation de l’UNDF le 13 janvier 2003, Musabyimana aurait été reconduit dans l'hôpital d’Arusha où il avait déjà séjourné, avant son transfert à Moshi. Musabyimana est décédé au Kilimandjaro Christian Medical Centre de Moshi le 24 janvier 2003.

Les détenus estiment que "la vie du regretté aurait pu connaître un sort différent s’il n’y avait pas eu négligence de la part de l’administration et des médecins traitants et si d’autres problèmes liés à son état de détenu avaient été réglés avec plus de diligence."

Les signataires affirment que certains éléments auraient contribué à la détérioration de la santé de l'évêque, "marquée par un dépérissement corporel (dénutrition et soins du corps inexistants) et mental", comme le refus de lui commettre un avocat de son choix, le manque de volonté du TPIR de l'aider à recouvrer une radio de qualité saisie par les douanes tanzaniennes, la gestion inappropriée de ses problèmes psychologiques ainsi que l'hospitalisation dans la ville D'Arusha.

Les signataires proposent que "pour éviter les équivoques et écarter tout soupçon sur le décès de Mgr Samuel Musabyimana,[…] une commission d’enquête neutre et objective mais surtout indépendante du greffe puisse se pencher sur la façon dont le patient Samuel Musabyimana a été soigné et sur les facteurs qui ont conduit à sa mort."

Réaction du porte-parole du TPIR
Interrogé sur cette lettre, le porte-parole du TPIR, Roland Amoussouga, a longuement insisté sur le fait que le prélat a reçu tous les soins appropriés.

"Le Tribunal a prodigué tous les soins qu'il était humainement possible de donner. Les faits sont là pour établir la diligence effectuée par le Tribunal. Monseigneur a reçu les soins adéquats", a indiqué Roland Amoussouga.

Evoquant la proposition D'une commission D'enquête indépendante, Roland Amoussouga a estimé que l'autorité compétente ordonnerait une telle enquête pour un détenu qui décéderait au centre de détention, mais qu'en cas de mort survenue à l'hôpital, cela ne s'avère pas nécessaire.

Roland Amoussouga a par ailleurs expliqué que toutes les procédures relatives à la commission D'office D'un avocat à des détenus indigents avaient été respectées dans l'affaire Musabyimana.

En attendant les funérailles, la dépouille mortelle de Musabyimana se trouve encore à la morgue de l'hôpital Mount Meru D'Arusha et la date des funérailles n'a pas encore été décidée.

"Pour l'instant nous savons que l'épouse du défunt sera présente, et que nous conviendrons de tous ces arrangements durant sa visite", a indiqué Amoussouga.

Samuel Musabyimana a été arrêté le 26 avril 2001 au Kenya. Accusé de génocide et de crimes contre l'humanité, il avait plaidé non coupable. Son procès n'avait pas encore commencé sur le fond. En 1994, Musabyimana était évêque au diocèse anglican de Shyogwe (province Gitarama, centre du Rwanda). Roland Amoussouga a été récemment nommé responsable des relations extérieures et de la planification des stratégies au TPIR, et assure à ce
titre le rôle de porte-parole.

l'ancien porte-parole Kingsley Moghalu et le responsable du service de presse, Tom Kennedy, ont été appelés à D'autres fonctions, en dehors du TPIR.

AT/CE/GF/FH (ms'0205a )