04.02.2003 - TPIR/CYANGUGU - LA PREUVE A DECHARGE DE LA DEFENSE DE l'ANCIEN PREFET A COMMENCE

Arusha, le 4 février 2003 (FH) - l'ancien préfet de Cyangugu (sud-ouest du Rwanda), Emmanuel Bagambiki, "a fait tout ce qu'il a pu" pour arrêter les massacres dans sa préfecture pendant le génocide de 1994, a indiqué, lundi, Me Vincent Lurquin, son conseil belge, devant le Tribunal Pénal International pour le Rwanda, lors de sa déclaration liminaire. “Les témoins que nous présenterons diront comment Bagambiki (…) a fait tout ce qu'il a pu pour sauver le plus de vies possibles.

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Il n'a pas réussi a chaque fois, mais il a fait de son mieux”, a expliqué Me Lurquin.

Bagambiki, 54 ans, est accusé D'être un des planificateurs et un des meneurs du génocide dans sa province natale de Cyangugu. Le parquet l'accuse D'avoir assisté et pris part aux réunions qui ont organisé le génocide et D'avoir coordonné les massacres de Tutsis pendant toute la durée du génocide.

Le parquet soutient également qu'à un certain moment Bagambiki aurait promis à la population hutue de sa province que tous les Tutsis seraient tués de
sorte que, "les générations D'enfants hutus à venir ne sauraient pas à quoi ressemble un Tutsi”. Me Lurquin a mis en doute cette déclaration, arguant que
Bagambiki n'aurait pas fait le tour de Cyangugu pour persuader les assaillants de mettre un terme aux tueries s'il avait tenu ce genre de
propos. Il a ensuite cité plusieurs occasions lors desquelles Bagambiki aurait effectivement empêché des attaques contre des Tutsis. “Néanmoins”, a
ajouté Me Lurquin, “la volonté D'un seul homme ne suffit pas à arrêter une menace mortelle”.

Me Lurquin a ensuite déclaré que la défense "démontrerait" que le parquet a présenté "une version simplifiée des événements survenus au Rwanda”. “Dans l'acte D'accusation, le procureur ne cite qu'une fois l'invasion D'octobre 1990 par le FPR (Front Patriotique Rwandais, ex-mouvement rebelle à dominante tutsie). Et ce bien que cette invasion ait été un, sinon le déclencheur du génocide”, a indiqué Me Lurquin. “Sans guerre, il n'y aurait pas eu de massacres”, a-t-il ajouté.

Me Lurquin a également déclaré à la cour que, contrairement aux allégations du procureur, Bagambiki "n'était pas un homme politique, mais un gestionnaire“. Ceci, selon Me Lurquin, correspondait à sa formation professionnelle et à sa "passion" pour l'enseignement. “Il a consacré ses talents au développement de sa région", a-t-il expliqué.

Bagambiki est co-accusé avec l'ancien ministre des Transport et des Communications, Andre Ntagerura, ainsi que l'ancien commandant du camp militaire de Cyangugu, le lieutenant Samuel Imanishimwe.

Plus tôt dans la journée, la défense D'Imanishimwe a clôturé sa preuve, sans avoir pu présenter son ultime témoin. Celui-ci, un militaire, n'a pu se rendre au TPIR à temps. La cour a déclaré qu'elle l'entendrait dès qu'il serait en mesure de se rendre à Arusha. La défense a indiqué que le témoin attendait toujours D'être autorisé par son président à quitter son pays.

Le procès Cyangugu a été ajourné peu après la déclaration liminaire de Me Lurquin, en fin de matinée. Il reprend mardi, avec la déposition du premier témoin de la défense de Bagambiki.

Ce procès se déroule devant le deuxième chambre du TPIR, composée du juge-président Lloyd George William de St. Kitts et Nevis, et des juges russe Yakov Ostrovsky et slovène Pavel Dolenc.

CE/GG/GF/FH(CY’0204e)