28.11.2002 - TPIR/MILITAIRES - NSENGIYUMVA AURAIT ORDONNE LE MASSACRE DE TUTSIS LE 6 AVRIL 1994

Arusha, le 28 novembre 2002 (FH) – l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva aurait ordonné le massacre des Tutsis la nuit de l'attentat contre l'avion présidentiel, le 6 avril 1994, selon un témoin du parquet. Le témoin "ZF" a fait cette déclaration jeudi dans le procès de quatre hauts gradés des ex-Forces armées rwandaises (ex-FAR) en cours devant le tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

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Le témoin a indiqué qu'il était ce jour-là présent au camp militaire de Gisenyi à 9 heures du soir, quelques instants après le crash. Nsengiyumva serait sorti de son bureau et en aurait informé quelques officiers militaires qui étaient à l'extérieur, après s'être longuement entretenu au téléphone avec le colonel Théoneste Bagosora, le principal accusé dans ce procès.

"l'avion du président vient D'être abattu, le travail doit commencer pour en finir avec les Inyenzi (terme péjoratif désignant les Tutsis)", aurait annoncé l'accusé, sans donner de plus amples détails sur l'accident.

Les militaires du camp auraient été rassemblés D'urgence, puis positionnés à certains points stratégiques. ZF a indiqué qu'un chef milicien serait apparu immédiatement après et se serait entretenu avec Nsengiyumva, ajoutant qu'il y avait au camp une présence remarquée des membres de milices.

Poursuivant sa déposition, le témoin indiqué qu'un lieutenant du nom de Bizumuremyi, attaché au service des renseignements militaires, aurait également invité la population (Hutu) à commencer son « travail », sous-entendant le massacre des Tutsis. "N'épargnez personne, même pas les enfants", aurait-il dit, D'après le témoin.

La population aurait répondu à ces ordres, pourchassant des Tutsis jusque tard dans la nuit. Nsengiyumva se serait alors entretenu avec Bagosora pour se féliciter du succès de cette opération qui, le lendemain, devait s'étendre dans des zones rurales.

Nsengiyumva et Bagosora sont co-accusés avec l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat major de l'armée, le général de brigade
Gratien Kabiligi et l'ancien commandant du bataillon para-commando de Kigali, le major Aloys Ntabakuze.

Ils sont notamment accusés D'entente en vue de commettre le génocide et de crimes de guerre. Le parquet allègue que les quatre hauts gradés des ex-FAR
sont parmi les principaux responsables de la tragédie rwandaise qui a emporté la vie D'un million de personnes D'avril à juillet 1994. Ils plaident non coupables.

Le contre-interrogatoire de ZF se poursuivra lundi.

Le procès des militaires se déroule devant la troisième chambre de première instance du TPIR, présidée par le juge George Lloyd Williams de Saint Kitts
et Nevis, et composée en outre des juges, slovène, Pavel Dolenc, et sénégalaise, Andrésie Vaz.

GA/CE/GF/FH (ML-1128A)