11.11.2002 - TPIR/BUTARE - LE PROCES DU GROUPE BUTARE A REPRIS LUNDI APRES UNE BREVE INTERRUPTION

Arusha, le 11 novembre 2002 (FH) - Le procès du groupe Butare (sud du Rwanda) a repris lundi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) après une brève interruption. Les débats se sont déroulés en grande partie à huis clos.

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Le procès avait été ajourné mercredi dernier pour permettre l'arrivée de témoins retenus au Rwanda en raison de formalités administratives.

Sont concernés par ce procès, l'ex-ministre de la famille et de la promotion féminine, Pauline Nyiramasuhuko, son fils Arsène Shalom Ntahobali, les ex-préfets Alphonse Nteziryayo et Sylvain Nsabimana, et deux ex-maires:celui de Ngoma, Joseph Kanyabashi, et celui de Muganza, Elie Ndayambaje. Ils sont accusés de génocide et de crimes contre l'humanité commis en province de Butare. Ils plaident non-coupables.

A la reprise, la représentante sierra léonaise du parquet, Adelaïde West, a sollicité une séance à huis clos pour l'interrogatoire du témoin protégé "QAQ", pour des raisons de sécurité. Le huis clos a été autorisé pendant toute la matinée de lundi et une bonne partie de l'après-midi.

Lors D'une brève séance publique dans l'après-midi, M.QAQ a répondu aux questions des avocats canadiens, Me Richard Perras, co-conseil de Nteziryayo, et Me Pierre Boule, conseil principal de Ndayambaje. Le témoin a évoqué un discours anti-Tutsi qu'auraient prononcé les deux accusés en avril 1994.

Selon le témoin, Nteziryayo aurait déclaré, "à l'aide D'un mégaphone", que "les combats ont été difficiles à Nyanza car les Tutsis ont été cachés". Me Perras a demandé si son client n'aurait pas plutôt utilisé les termes "Inyenzi", ou "Inkotanyi"ou alors "ennemi" - référants aux rebelles qui avaient attaqué le pays- au lieu du mot "Tutsi".

l'avocat a par ailleurs suggéré au témoin que son client a peut-être expliqué à la population l'attitude à adopter en cas D'attaque par les rebelles. "Je ne me rappelle pas tout ce qui a été dit lors de cette réunion car je n'étais préoccupé que par ma survie", a concédé le témoin, ajoutant qu'il suivait la scène à distance, caché dans un buisson.

Quant à Ndayambaje, il aurait parlé de "saletés qui se trouvaient à l'entrée de la maison et qui risquaient D'envahir l'intérieur", faisant allusion aux Tutsis, a allégué le témoin.

Le témoin ne pouvait cependant se rappeler la longueur des allocutions prononcées par les accusés. "Il y a de celà huit ans !", s'est-il excusé.

M.QAQ va poursuivre sa déposition mardi.

Le procès du groupe Butare se déroule devant la deuxième chambre de première instance du TPIR présidée par le juge tanzanien William Sekule, et composée en outre des juges malgache, Arlette Ramaroson, et Winston Churchill Matanzima Maqutu du Lesotho.

GA/AT/GF/FH (BT-1111A)