Poursuivi pour génocide et crimes contre l'humanité, Niyitegeka a déjà fait comparaître huit témoins pour sa défense.
Les débats avaient été supendus fin octobre pour donner place à un procès alternatif, celui des responsables des médias.
Dénommé "TEN 10" pour protéger son anonymat, le huitième témoin entendu lundi, à la reprise du procès, a donné un alibi à l'accusé. Selon le témoin, Eliézer Niyitegeka est resté tout le temps au siège du gouvernement intérimaire à Gitarama (centre du Rwanda) et plus tard à Muramba (province Gisenyi, ouest), sauf à l'occasion de deux missions officielles.
Le parquet affirme que Niyitegeka a participé aux massacres de Tutsis à Bisesero (préfecture Kibuye, ouest du Rwanda) entre avril et juin 1994.
Le témoin a indiqué que son bureau se trouvait à proximité de celui D'Eliézer Niyitegeka et que par conséquent il peut témoigner de ses déplacements. M. TEN 10 a déclaré qu'en 1994 le gouvernement en place n'avait pas les moyens de contrôler la population.
Selon lui, la population avait elle-même constaté qu'il n'y avait pas D'autorité et faisait ce qu'elle voulait. "C'est pourquoi, il y a eu des tueries, des pillages et autres actes illégaux et personne ne pouvait arrêter cela en punissant les auteurs de ces actes", a-t-il expliqué.
Le substitut australien du procureur, Kenneth Fleming, a contesté la déposition du témoin, affirmant entre autres qu'il n'avait pas "une compréhension claire de ce qui se passait au gouvernement".
Kenneth Fleming s'est notamment appuyé sur le fait que le témoin était fraîchement entré dans la fonction publique. M.TEN 10 a été recruté en décembre 1993, a-t-il dit.
Le procès Niyitegeka se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par la juge sud-africaine Navanethem Pillay et composée en outre des juges, norvégien Erik Mose et sénégalaise Andrésie Vaz. Les débats se poursuivent mardi.
AT/GF/FH (ni-1111A)