01.11.2002 - TPIR/BUTARE - NSABIMANA ET KANYABASHI AURAIENT ORGANISE l'ENTRAINEMENT MILITAIRE DE MIL

Arusha, le 1er novembre 2002 (FH) - l'ex-préfet de Butare (sud du Rwanda) Sylvain Nsabimana et l'ex-maire de Ngoma, Joseph Kanyabashi, deux des accusés du procès de Butare, auraient organisé l'entraînement militaire de la jeunesse Hutu en vue de tuer les Tutsis, selon un témoin entendu mercredi et jeudi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Sont concernés par ce procès, outre Joseph Kanyabashi et l'ex-préfet Nsabimana, son successeur à le tête de cette province, Alphonse Nteziryayo, l'ex-ministre de la famille et de la promotion féminine, Pauline Nyiramasuhuko, son fils Arsène Shalom Ntahobali, et l'ex-maire de Muganza Elie Ndayambaje.

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Ils sont poursuivis pour génocide et crimes contre l'humanité commis en préfecture de Butare. Ils plaident non-coupables.

Dénommé "FAI" pour protéger son anonymat, le dix-septième témoin à charge est un ancien maire D'une des communes de Butare, actuellement détenu au Rwanda après avoir plaidé coupable devant la justice rwandaise.

FAI a affirmé que pendant le génocide de 1994, Nsabimana et Kanyabashi ont tenu une réunion à laquelle ont participé tous les maires des communes de Butare. "La réunion avait pour objet l'examen de la mise en application du programme gouvernemental qui n'était autre que l'extermination des Tutsis, considérés comme complices du FPR [Front Patriotique Rwandais, ex-rébellion majoritairement tutsie, alors en guerre avec le gouvernement] ." a déclaré le témoin.

FAI a ajouté qu'au cours de cette réunion, Joseph Kanyabashi se serait félicité du travail des jeunes gens ayant subi un entraînement militaire. "Ces jeunes gens étaient formés pour assister les militaires au front et aider la population à tuer les Tutsis," selon le témoin

" Il [Kanyabashi] a dit que ces jeunes gens, appelés Ibisumizi, étaient utiles et efficaces et qu'il fallait étendre cette formation à D'autres jeunes des communes qui se trouvent éloignées du chef-lieu de préfecture" a dit le témoin, qui s'exprimait dans sa langue maternelle, le kinyarwanda.

l'ex-préfet Nsabimana aurait soutenu cette idée et invité tous les bourgmestres à sélectionner des jeunes dans leurs communes respectives, à les entraîner dans un centre prévu à cet effet, au secteur Ngoma, dans la ville de Butare, selon M. FAI.

l'ex-préfet aurait même offert aux bourgmestres quarante litres D'essence par semaine pour le transport de ces jeunes, soit vers ce centre de formation, soit au front pour aider les militaires, soit dans les campagnes à la recherche de Tutsis à éliminer.

Au centre de Ngoma, les jeunes étaient entraînés au maniement de l'arme à feu et, au terme de leur formation, recevaient chacun un fusil.

En juin 1994, Alphonse Nteziryayo, jusque là chargé de la défense civile, a remplacé Sylvain Nsabimana, selon le témoin.

"Le jour de sa prestation de serment comme préfet de Butare, Nteziryayo a promis de continuer à veiller sur la région de Butare et de rechercher les Tutsis encore cachés qu'il accusait D'être des complices du FPR" a ajouté FAI.

Plus tard, le témoin apprendra D'un soldat à une barrière que des femmes tutsies qui avaient cherché refuge derrière le bureau préfectoral avaient été tuées sur ordre de Nteziryayo. " Son prédécesseur Nsabimana avait refusé de faire tuer ces femmes," selon le témoin.

Le témoin devrait poursuivre sa déposition lundi. Il était interrogé au cours de l'interrogatoire principal, entrecoupé de séances à huis clos, par la représentante nigériane du parquet Adfesola Adeboyejo.

Le procès de Butare se déroule devant la deuxième chambre de première instance présidée par le juge tanzanien William Hussein Sekule, et composée en outre des juges malgache Arlette Ramaroson et Winston Churchill Matanzima Maqutu du Lésotho.

BN/CE/GF/FH (BT-1031A)