30.10.2002 - TPIR/MEDIAS - NAHIMANA N'A JAMAIS FAIT PARTIE D'UN COMITE ANTI-TUTSI, SELON SON EPOUSE

Arusha, le 30 octobre 2002 (FH) - l'épouse de l'accusé Ferdinand Nahimana a affirmé mercredi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) que son mari n'a jamais été membre D'un comité qui a organisé la chasse aux Tutsis à l'université Nationale du Rwanda (UNR) dans les années 1970, comme il ressort des allégations du procureur. Mme Laurence Nyirabagenzi Nahimana, une Hutue, étudiait à l'UNR quand des membres du "comité de salut" ont chassé les étudiants tutsis du campus en 1973.

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"Non, il n'était pas membre du comité de salut. Je me souviens que lui aussi, à un moment donné, a été menacé, car il avait caché deux Tutsis", a déclaré Mme Nahimana en parlant de l'accusé.

Laurence Nyirabagenzi a fait la connaissance de Ferdinand Nahimana en octobre 1972, lorsqu'ils étaient tous deux étudiants à l'UNR. Ils se sont mariés en février 1978.

Mme Nahimana a indiqué que l'une des personnes dont son mari avait sauvé la vie à l'époque était devenu médecin, et que "jusqu'au moment où on s'est séparé, il lui a toujours été reconnaissant".

Mme Nahimana a souligné que les membres du comité de salut "avaient un caractère brutal", opposé à celui de son mari.

Parmi les membres de ce comité, Mme Nahimana a cité notamment Pasteur Bizimungu, nommé président du Rwanda après le génocide de 1994. L’épouse corrobore le témoignage de son mari.

La représentante kenyane du procureur, Charity Kagwi, a suggéré que le témoin ne pouvait pas connaître tous les membres du comité de salut ou prétendre avoir été au courant de toutes les activités de Ferdinand Nahimana durant cette période.

Mme Nahimana est le quatrième témoin de la défense après G 99, I 2 ainsi que l'accusé lui-même.

Mme Nahimana a également confirmé plusieurs éléments de la déposition de son mari. Elle aussi a déclaré qu’il était alité au cours des jours qui ont précédé l'attentat contre l'avion de l'ex-président Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994. De même, elle a confirmé la demande de refuge à l'ambassade de France à Kigali le 7 avril, l'évacuation sur Bujumbura le 12 avril ainsi que le retour au Rwanda vers fin avril 1994, en passant par Bukavu (est de l'ex-Zaïre).

Promoteur allégué de la Radio-télévision libre des Mille collines (RTLM) qui a incité au génocide anti-tutsi et aux massacres D'opposants en 1994, Ferdinand Nahimana est coaccusé avec l'ancien conseiller politique au ministère des affaires étrangères et membre du comité D'initiative de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza, ainsi que l'ancien directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze.

Mme Nahimana a déclaré qu'elle était actionnaire de la RTLM et qu'elle avait acheté ses actions "parce que je croyais que c'était économiquement rentable".

Invitée à donner son appréciation sur des émissions de la RTLM entre janvier et avril 1994, Mme Nahimana a répondu que compte tenu de la situation socio-politique difficile qui régnait alors au Rwanda, elle n'avait pas eu le temps de porter un quelconque jugement à ce sujet.

Mme Nahimana a par ailleurs déclaré que son mari n'avait jamais collaboré avec Hassan Ngeze. "Il ne lisait même pas son journal. Qu'il y ait eu entente entre eux est pour moi inimaginable[…] Ils ne se parlaient pas et ne pouvaient donc mettre en place un projet ensemble".

Mme Nahimana a indiqué que "quand J'entends comment on décrit mon mari dans ce Tribunal, je ne le reconnais pas", invitant les juger à faire de preuve de discernement dans l'analyse des témoignages.

Mme Nahimana a terminé sa déposition mercredi en début D'après-midi. Le procès se poursuivra jeudi matin avec la comparution D'un nouveau témoin à décharge.

AT/CE/GF/FH (ME-1030A )