22.10.2002 - TPIR/MEDIAS - NAHIMANA N'A JAMAIS ETE CONTRE LES TUTSIS, SELON UN TEMOIN

Arusha, le 22 octobre, 2002 (FH) - Ferdinand Nahimana, un des trois accusés dans le procès des anciens responsables des médias, n'a jamais exprimé des sentiments anti-tutsis, a déclaré le second témoin de la défense, mardi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). "G 99", ainsi dénommé pour préserver son anonymat, a déposé sur la moralité de l'accusé.

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Sa déposition intervient après celle de Ferdinand Nahimana
lui-même.

M.G 99 connaît Ferdinand Nahimana depuis 1981, à l'Université nationale du Rwanda(UNR) où il a D'abord étudié puis travaillé. Ferdinand Nahimana a pour sa part enseigné à l'UNR à partir de 1977. "Dans sa vie sociale, je crois que c'est quelqu'un qui s’entendait bien avec tout le monde, quelqu'un de très sociable", a affirmé le témoin.

M.G 99 a expliqué que Ferdinand Nahimana traitait ses étudiants, hutus et tutsis, de manière équitable et que personne ne s'était plaint D'avoir été discriminé sur une base ethnique. Le témoin a ajouté que l'accusé entretenait également de bonnes relations avec ses pairs, les professeurs. Ils l'avaient même élu doyen de la faculté des Lettres.

"Si le vote pour lui avait été effectué par un seul groupe [ethnique], il n'aurait pas été élu", a déclaré le témoin.

Ferdinand Nahimana a quitté l'université fin 1990 pour devenir directeur de l'Office rwandais D'information (ORINFOR) qui gérait les médias D'Etat. Il a été démis de ce poste en avril 1992 et a demandé à réintégrer l'université.

Le parquet affirme que plusieurs professeurs s'étaient opposés à sa réintégration à l'UNR, estimant qu'il était contre les Tutsis. "Non. Il n'y a pas eu opposition à sa réintégration en raison du fait qu'il serait opposé aux Tutsis", a déclaré le témoin. M.G 99 a expliqué que la promotion de Ferdinand Nahimana avait plutôt
suscité des jalousies chez certains professeurs, ceux-là mêmes qui s'opposaient à son retour.

Le témoin a affirmé que dans tous les cas, "aucun membre du conseil de faculté n'a émis de doutes sur les qualités scientifiques de Nahimana". "Ce que je peux dire, c'est que c'était un travailleur, un chercheur, et que même ceux qui, à un moment donné, l'ont combattu n'ont jamais mis en doute ses compétences académiques", a-t-il poursuivi.

Promoteur allégué de la Radio-télévision libre des Mille collines (RTLM) qui a incité au génocide anti-tutsi et aux massacres D'opposants en 1994, Ferdinand Nahimana est coaccusé avec l'ancien conseiller politique au ministère des affaires étrangères et membre du comité D'initiative de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza, ainsi que l'ancien directeur et rédacteur en chef de la revue taxée D'extrémisme Kangura. Ils plaident non coupables.

Le témoin G 99 poursuivra sa déposition mercredi matin en répondant aux questions du parquet.

Le procès des médias se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par la juge sud-africaine Navanethem Pillay et composée en outre des juges, norvégien Erik Mose et sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana.

AT/CE/GF/FH (ME-1022A )