29.09.2002 - TPIR/CYANGUGU - LE PROCES DU GROUPE CYANGUGU REPREND LUNDI

Arusha, le 29 septembre, 2002 (FH)-- Le procès du groupe Cyangugu reprend lundi devant la troisième chambre du tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Il avait été suspendu le 24 juillet dernier pour cause de vacances judiciaires en plein contre-interrogatoire par le parquet de l'ex-ministre des transports et communications sous le gouvernement intérimaire, André Ntagerura, un des accusés dans ce procès.

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Ntagerura est co-accusé avec l'ancien préfet de Cyangugu, Emmanuel Bagambiki, ainsi que l'ancien commandant du camp militaire de Karambo dans la même région, le lieutenant Samuel Imanishimwe.

Les trois plaident non coupables aux accusations de génocide anti-Tutsi et de massacres D'opposants au cours desquels un million de personnes ont trouvé la
mort entre avril et juin 1994, selon un récent bilan établi par les autorités de Kigali.

Les témoins de l’accusation qui ont déjà déposé dans cette affaire ont tous tenu les accusés responsables des événements survenus dans la préfecture de Cyangugu. Ils ont notamment rapporté que Bagambiki aurait rassemblé des Tutsis en fuite dans le stade Kamarampaka, le 15 avril 94, qui ont ensuite été massacrés.

Ntagerura aurait, quant à lui, procédé à la distribution d’armes à feu le 7 avril,au lendemain de l'attentat contre l'avion du président Juvénal Habyarimana, avec la complicité de Bagambiki et D'Imanishimwe. l'ancien ministre aurait fait distribuer ces armes par le biais D'un certain Yussuf Munyakazi, un leader présumé des milices Interahamwe.

Le lieutenant Imanishimwe aurait quant à lui été responsable des massacres de Tutsis, en avril également, dans le camp militaire de Karambo, dans la ville de Cyangugu. Il aurait aussi supervisé l'érection des barrages routiers à certains endroits de la préfecture, en compagnie des Interahamwe, dans le but de tuer des Tutsis en fuite.

l'accusation allègue que plus de 100.000 Tutsis ont été massacrés dans cette région du Rwanda en l'espace de 23 jours. Le gouvernement rwandais a néanmoins
dénombré 55.271 victimes du génocide dans cette province.

Au cours de sa déposition, Ntagerura a plaidé que les allégations portées contre lui par des témoins à charge sont sans fondement. Il a en effet indiqué que
la plupart de témoins l'ont placé à Cyangugu en train de superviser ou de participer aux massacres, au moment où il était soit en réunion avec le gouvernement intérimaire, soit en mission à l'étranger.

Le 17 juillet dernier, l'accusé a produit des documents de voyage justifiant qu'il était absent du pays à certaines dates alléguées par le parquet, développant ainsi une défense D'alibi.

Ntagerura est défendu par l'avocat canadien, Me Henry Benoît, assisté par un confrère franco-congolais, Me Rety Hamuli. Me Benoît a soutenu qu'avec la déposition de son client qu'il qualifie de "plus important pour la défense", la preuve apportée par le procureur été "réduite en poussière".

Le parquet est représenté par le substitut ougandais du procureur, Richard Karegesya.

Les coaccusés de Ntagerura n'ont pas encore commencé à citer leurs témoins. Après Ntagerura, ce sera le tour de Samuel Imanishimwe, qui sera suivi, en dernier lieu, par Emmanuel Bagambiki.

Le procès du groupe Cyangugu a débuté le 18 septembre 2000. Les débats sont présidés par le juge George Llyod Williams de Saint Kitts et Nevis, assisté des juges russe Yakov Ostrovsky, et slovène, Pavel Dolenc.

GA/FH (CY-0927A)