11.09.2002 - TPIR/KAMUHANDA - l'EPOUSE DE l'EX-MINISTRE PERSISTE LORS DE SON CONTRE-INTERROGATOIRE

Arusha, le 11 septembre 2002 (FH) – l'épouse de l'ex-ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la culture, Jean de Dieu Kamuhanda, n'a pas été prise en défaut par le parquet au cours du contre-interrogatoire, mercredi, au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Comme lors de l’interrogatoire de la défense, elle a revendiqué dans les mêmes termes l'innocence de son mari.

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Sixième témoin à décharge à comparaître, Mme Théopiste Ingabire a maintenu, devant le représentant irlandais de l'accusation, Mark Moore, les propos déclarés au cours de l'interrogatoire principal, consolidant l'alibi de l'accusé.

"Mon mari ne s'est pas rendu à Gikomero le 12 avril 1994, car nous étions ensemble depuis le 7 avril. Nous avons quitté Kigali le 18 avril pour nous rendre à Gitarama [centre du Rwanda] " a inlassablement répété Mme Théopiste Ingabire.

Jean de Dieu Kamuhanda répond de huit chefs D'accusation de génocide et de crimes contre l'humanité. Le parquet lui reproche particulièrement D'avoir dirigé et pris part aux massacres des Tutsi perpétrés, le 12 avril 1994, dans sa commune natale de Gikomero (centre-est du Rwanda).

"Pour se rendre de notre quartier [Kacyiru à Kigali] à Gikomero, on prend soit la route de Remera, soit celle de Gatsata. Or dès le 7 avril, Remera était occupé par le FPR [Front patriotique rwandais, alors en rébellion contre le gouvernement rwandais]. Gatsata était également inaccessible parce que, selon les informations qui nous parvenaient, les combats y faisaient rage" a maintenu Mme Ingabire.

Le représentant du parquet a voulu savoir pourquoi l'accusé, alors directeur général au ministère de l'enseignement supérieur, n'avait pas quitté leur quartier, proche duquel se déroulaient des combats.

"Nous n'avions pas de moyen de locomotion, et il [Kamuhanda] ne sait pas conduire. Nos efforts pour avoir un chauffeur et utiliser un véhicule de service ont été vains" a dit le témoin. Kamuhanda n'habitait pas loin du ministère dans lequel il travaillait.

Certains témoins de l'accusation ont affirmé avoir ont vu Kamuhanda à Gikomero au volant D'un véhicule, transportant des miliciens.

Me Ingabire a en outre soutenu que son mari a connu une promotion rapide due au mérite, contrairement aux suggestions de Mark Moore. Le représentant du parquet alléguait que Kamuhanda avait été promu parce qu'il était dévoué à la cause de l'ex-parti présidentiel MRND.

" Mon mari n'était pas un politicien, c’était un simple technicien. Il n'a jamais occupé un poste quelconque au sein du MRND. S'il a eu une promotion, c'est parce qu'il était bon travailleur" a-t-elle déclaré.

Mme Ingabire a terminé sa déposition vers 16h30 mercredi. D'habitude la chambre suspend les travaux vers 17h30 et un autre témoin dénommé "AG" devait être appelé au prétoire.

"Monsieur le président, Mme Kamuhandfa prends l'avion ce soir, je vous demande de suspendre l'audience pour lui donner le temps de dire au revoir à son mari. Si nous appelons un autre témoin, M. Kamuhanda devra rester à l'audience" a plaidé l'avocate guinéenne de l'accusé, Me Aicha Conde.

La chambre a accepté sa requête.

Kamuhnda est jugé par la deuxième chambre de première instance, présidée par le juge tanzanien William Hussein Sekule, et composée en outre des juges malgache Arlette Ramaroson, et Winston Churchil Matanzima Maqutu du Lésotho.
BN/GF/FH(KH-0911A)