17.07.2002 - TPIR/CYANGUGU - NTAGERURA JUSTIFIE SES MISSIONS A l'ETRANGER PAR DES DOCUMENTS DE VOYAG

Arusha, le 17 juillet, 2002 (FH)-- l'ancien ministre des transports et communications sous le gouvernement intérimaire, André Ntagerura, a exhibé des documents de voyage détaillant des missions qu'il a effectuées à l'étranger en 1994, lors de sa déposition dans le procès du groupe Cyangugu (sud-ouest du Rwanda)en cours devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Ntagerura, qui témoigne pour sa propre défense, entend détruire la preuve apportée par le parquet selon laquelle il se serait à maintes reprises rendu à Cyangugu pour y organiser des massacres ou distribuer des armes aux Interahamwe, milice de l'ex-parti présidentiel, le MRND (Mouvement Républicain National pour le Développement et le Démocratie).

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l'avocat canadien de Ntagerura, Me Henry Benoît, a produit un passeport montrant que l'ancien ministre s'était rendu au Burundi du10 au 11 avril 1994 pour accompagner la dépouille du président burundais Cyprien Ntaryamira, décédé lors de l'attentat contre l'avion de son homologue rwandais Juvénal Habyarimana, le 6 avril. Cette preuve de Ntagerura est venue corroborer celle apportée par son épouse, Léoncie Bongwa, lors de sa déposition en faveur de son mari en mai dernier. Elle est également venue contrer celle apportée par des témoins à charge "LAI" et "LAH", qui l'année dernière, avaient signalé la présence de l'accusé à Cyangugu au cours de cette période.

Un autre témoin avait rapporté que fin avril- début mai 1994, Ntagerura s'était rendu à l'usine à thé de Shagasha avec un certain Callixte Nsabimana pour y ordonner le massacre de femmes et D'enfants tutsis qui s'y étaient réfugiés. A ce sujet, Me Henry a exhibé un passeport de service de son client montrant, par des tampons des différents services D'immigration, que Ntagerura s'est rendu successivement à Gbadolité dans l'ex-Zaïre, et à Arusha en Tanzanie, en passant par Naïrobi au Kenya, dans le cadre des négociations entre le gouvernement intérimaire et l'ex-rébellion du Front patriotique rwandais (FPR) en vue D'aboutir à un cessez-le-feu.

Le témoin "LAB" avait quant à lui indiqué que le 18 mars 1994, Ntagerura se serait rendu à l'usine de Shagasha pour y distribuer des fusils et des vêtements aux personnes qui s'entraînaient au maniement des armes. l'accusé serait venu à bord D'un véhicule de marque Pajero, tandis que les dites munitions auraient été transportées dans une camionnette de marque Daihatsu.

"J'étais au travail toute la journée", a protesté l'accusé, expliquant qu'il était occupé à confectionner"un document de remise-reprise avec mon successeur qui devait me remplacer dans le cadre du gouvernement à base élargie dans lequel devait figurer le FPR, conformément à l'accord D'Arusha".

Selon Ntagerura, "cette date est connue, elle est vérifiable, il ya des écrits la-dessus". l'accusé a cité à cet effet un livre du sociologue français, André Guichaoua, qui a témoigné dans ce procès comme expert de l'accusation.

Ntagerura est coaccusé avec l'ancien préfet de Cyangugu, Emmanuel Bagambiki, ainsi que l'ancien commandant du camp militaire de Karambo à Cyangugu, le lieutenant Samuel Imanishimwe.

Le procès se déroule devant la troisième chambre de première instance du TPIR présidée par le juge de Saint-Kitts et Nevis, George Williams, assisté des juges, russe Yakov Ostrovsky, et slovène Pavel Dolenc. La déposition de Ntagerura se poursuit jeudi.
GA/ATFH(CY-0717B)