Le témoin a expliqué qu'avec la mort du président rwanadais Juvénal Habyarimana, c'était la supression du garant de la loi symbolique, et "si un symbole est cassé, ça peut pousser la population à l'illogisme".
Pour Hounkpatin, après la mort soudaine du président le 6 avril 1994 , les gens ont semblé ne plus être protégés, se sont sentis dans une situation D'insécurité, "ce qui les a poussés à des actes violents et incontrôlés".
l'expert a dit que c'est la dimension de la peur et de la frayeur qui conduit à la psychose collective,"une sorte D'hystérie collective qui peut amener à des actions incontrôlées" et que c'est ce qui s'est passé au Rwanda en 1994.
Au cours de l'interrogatoire mené par le franco-congolais Me Hamuli Rety, co-conseil de Ntagerura, le témoin a voulu montrer une videocassette pour illustrer la peur des Hutus après le génocide. Le film a été enregistré en République démocratique du Congo en 1997, montrant les réfugiés hutus fuyant la nouvelle armée rwandaise dans l'ex-Zaire.
La chambre ne l'a pas autorisé à le faire, après que le procureur ait objecté que la vidéo ne lui avait pas été communiquée à temps.
La défense s'est plainte de ce que" le procureur s'évertue à montrer la peur des Tutsis, comment ne veut-il pas que nous montrions la peur des Hutus?"
l'expert Hounkpatin a en outre placé l'origine du conflit rwandais dans "le mythe fondateur" qui instaurait le pouvoir de droit divin, faisant du Tutsi le maître gouvernant, du Hutu le serviteur du Tutsi, et du Twa l'esclave des deux premiers.
Le professeur Hounkpatin a expliqué que cet "ordonnancement était resté admis comme tel jusqu'à l'arrivée du colonisateur qui est venu trahir la structure existante."
Avec notamment l'introduction de l'enseignement, "les Hutus et les Tutsis pouvaient prétendre aux mêmes droits" et cette "évolution a entraîné des revendications de part et D'autre, et a basculé les structures instaurées depuis toujours", selon le témoin.
Ce sont ces perturbations qui ont entraîné notamment des conflits, résultant à la révolution sociale de 1959 qui a détruit l'ordre social préétabli avec des conséquences, qui avec le temps, ont abouti aux événements de 1994, a-t-il dit.
Le témoin-expert devrait poursuivre sa déposition mardi matin.
l'ex-ministre Ntagerura est co-accusé avec l'ex-préfet de Cyangugu Emmanuel Bagambiki, ainsi que l'ex-commandant de la garnison militaire de Karambo à Cyangugu, le lieutenant Samuel Imanishimwe. Ils sont poursuivis pour génocide et crimes contre l'humanité. Ils plaident non-coupables.
Ils sont jugés par la troisième chambre de première instance du TPIR présidée par le juge de Saint-Kitts et Nevis,George Williams, assisté des juges, russe Yakov Ostrovsky, et slovène, Pavel Dolenc.
BN/AT/FH(Cy-0715A)