11.07.2002 - TPIR/MEDIAS - KANGURA ABUSAIT DE LA LIBERTE D'OPINION, SELON UN EXPERT DU PARQUET

Arusha, le 11 juillet, 2002 (FH) - La revue Kangura abusait de la liberté D'expression a affirmé un expert cité par le parquet, jeudi dans le procès des anciens responsables des "médias de la haine" en cours devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). l'historien rwandais Marcel Kabanda a fait cette déclaration au cours du contre-interrogatoire mené par l'avocat américain, Me John Floyd, qui représente l'ancien directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze, un des coaccusés dans ce procès.

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Me Floyd plaide qu'en publiant Kangura, son client a usé de la liberté D'expression reconnue à tout être humain.
Hassan Ngeze est poursuivi notamment pour incitation directe et publique à commettre le génocide anti-tutsi et les massacres D'opposants qui ont fait un million de morts en 1994, selon Kigali.

Me Floyd a soutenu que l'impact de la publication de Ngeze était D'autant plus limité que "beaucoup de gens pensaient que Kangura était absurde".

l'avocat américain a laissé entendre que Kangura appartiendrait à la catégorie des "trash media" (presse poubelle), dans ce sens que la revue diffusait souvent des rumeurs.

"Qu'il y ait des rumeurs dans Kangura, une rumeur colportée, une rumeur qui par l'écrit devient information, cela affole", a dit Marcel Kabanda.

"Cela est dangereux dans une société[comme au Rwanda] où l'écrit est sacralisé", a-t-il poursuivi, affirmant que "la société n'était pas capable de distinguer ce qui relevait de la rumeur de ce qui relevait de l'information".

Me Floyd a maintenu que les Rwandais avaient droit à ce genre de presse dans le cadre de la diversité D'opinions. l'expert a estimé que "on a le droit de la faire, mais ce n'est pas le genre de médias qu'il faut promouvoir dans une démocratie".

Selon Marcel Kabanda, le génocide et les massacres D'avril-juillet 1994 ont été sans aucun doute provovoqués par un ensemble de situations incluant la crise économique et la guerre mais "nous ne pouvons exclure cette production, cette banalisation de la violence, cet appel à l'extermination, cet appel à la guerre civile qui est contenu dans Kangura".

D'après l'expert, "l'impact de Kangura est reconnu par Kangura lui-même, quand il fait le bilan de ses actes et de ses articles. Combien de gens qui étaient dans l'opposition qui sont dans "le hutu power"[frange extrémiste]; dans son bilan, il ya la CDR [parti radical anti-tutsi], il ya la RTLM.[Radio-télévision libre des Mille collines]. Je ne sais pas aujourD'hui comment l'impact dont il se reconnaît, lui serait dénié par son conseil"

Hassan Ngeze est coaccusé avec l'ancien promoteur de la RTLM, Ferdinand Nahimana, ainsi que l'ancien conseiller politique et membre du comité D'initiative de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza. Tous plaident non coupables.

Le procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par la juge sud-africaine Navanethem Pillay, et composée en outre des juges, norvégien Erik Mose et sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana.

Le parquet devrait terminer la présentation de ces moyens de preuve vendredi. Après Marcel Kabanda, l'accusation prévoit citer un témoin rwandais dont l'identité sera protégée pour des raisons de sécurité et un graphologue. Le procès a commencé en octobre 2000. l'accusé Barayagwiza le boycotte depuis son ouverture sur le fond, arguant que le TPIR est manipulé par le gouvernement rwandais.
AT/DO/FH (ME-0711A )