Citée comme experte par le parquet, Alison Des Forges était contre-interrogée par l'avocate anglaise Me Diana Ellis, co-conseil de
l'ancien promoteur de la Radio-télévision libre des Mille collines (RTLM), Ferdinand Nahimana, un des coaccusés.
Alison Des Forges venait de faire référence à un document présumablement rédigé par Anastase Gasana, qui met en cause Ferdinand Nahimana. Me Ellis avait regretté que Anastase Gasana n'ait pas été cité par le parquet, afin que la défense lui soumette à un contre-interrogatoire.
"Dr Gasana est un des fondateurs des Interahamwe"[miliciens qui ont été le fer de lance du génocide anti-tutsi], a suggéré Me Ellis.
Le témoin a répondu qu'il avait entendu parler de cela, mais qu'il n'avait pas procédé à des vérifications nécessaires.
Anastase Gasana était un cadre de conception dans l'ex-parti présidentiel, le Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND), avant D'adhérer à un parti D'opposition, le Mouvement démocratique républicain (MDR) en 1992. Il deviendra ministre du MDR peu avant le génocide de 1994 et dans le gouvernement formé après le génocide.
AujourD'hui, il représente le Rwanda à l'ONU.
Selon Me Ellis, Anasatse Gasana doit en savoir plus sur les Interahamwe et leur organisation.
Le procès des médias concerne outre Ferdinand Nahimana, l'ancien conseiller politique au ministère des affaires étrangères et membre du comité D'initiative de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza, ainsi que l'ancien directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura,Hassan Ngeze.
Mardi, Alison Des Forges sera contre-interrogée par la défense de Hassan Ngeze.
Quarante six témoins du parquet ont déjà été cités dans ce procès. Le parquet devrait clôturer sa preuve le 12 juillet. Il lui reste à
rappeler les Rwandais Mathias Ruzindana (linguiste) et Marcel Kabanda (historien), dont les dépositions avaient été interrompues pour des raisons de calendrier.
Lundi soir, le substitut américain du procureur, Stephen Rapp, responsable de la poursuite dans cette affaire, a néanmoins indiqué qu'un témoin protégé, désigné le pseudonyme "FS" pourrait tre cité, s'il est disponible. "Il y a longtemps que nous ne recevons pas de témoins en provenance du Rwanda, mais on nous a informés vendredi dernier qu'il était disposé à
venir", a déclaré en substance Stephen Rapp.
Récemment, une crise sans précédent de témoins de l'accusation avait causé l'ajournement de deux affaires.
Le procès des médias se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par la juge sud-africaine Navanethem Pillay et comprenant en outre les juges, norvégien Erik Mose et sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana.
AT/DO/FH(ME-0708B)