Les médias du génocide", publié en 1995 chez Karthala.
Guidé par le substitut américain du procureur, Stephen Rapp, Jean-Pierre Chrétien a commenté des extraits D'émissions de la RTLM, affirmant notamment que lorsque cette radio utilise le terme "ennemi", elle renvoie aux membres de l'ethnie tutsie.
La défense plaide que le terme "ennemi" réfère plutôt aux combattants du Front patriotique rwandais (FPR) en rébellion contre l'ancien gouvernement rwandais à l'époque des faits.
"La RTLM emploie souvent le terme Inyenzi pour apparemment ne désigner que des militaires du FPR, alors que clairement derrière ce terme se situent tous les Tutsis du Rwanda", a déclaré Jean-Pierre Chrétien.
Selon l'expert, la RTLM considère que le conflit qui sévissait à l'époque "ferait du tort aux enfants et aux petits enfants" des combattants du FPR, "c'est à dire une culpabilité héréditaire du groupe visé: les Tutsis", selon lui.
l'historien français a ajouté que la RTLM soutenait "l'idée qu'une victoire militaire du FPR coïnciderait avec une disparition totale des Tutsis dans le pays".
"Si tous les enfants hutus se levaient comme un seul homme pour dire: nous ne voulons pas de Tutsis, que feraient-ils?", a relevé Jean-Pierre Chrétien, dans une émission de la RTLM.
Selon l'expert, il ya "glissement " des rebelles du FPR aux Tutsis tout court, et "tous les auditeurs comprennent que derrière les Inkotanyi [FPR], le journaliste parle des Tutsis".
Jean-Pierre Chrétien a allégué qu'à la RTLM, "on considère leur mort comme normale.[…] On dit que les Tutsis massacrés sont comme des gens qui se suicident".
Le procès des médias concerne l'ancien promoteur de la RTLM, Ferdinand Nahimana, l'ancien conseiller politique au ministère des affaires étrangères et membre du comité D'initiative de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza, ainsi que l'ancien directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze.
Le procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par la juge sud-africaine Navanethem Pillay, et composée en outre des juges, norvégien Erik Mose, et sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana.
AT/FH(ME-0701B)