Jean-Pierre Chrétien a donné entre autres exemples une émission du 20 mai 1994, reprenant les propos attribués à une voyante de Kibeho (province Gikongoro, sud du Rwanda), selon lesquels "les victimes de ces massacres sont en train de payer le crime qui a été commis par ceux qui ont tué l'ancien président Juvénal Habyarimana".
Selon l'expert, cela traduit "l'idée D'une juste punition voulue par la vierge et Dieu" à l'encontre des Tutsis. Il s'agit, explique-t-il, D'une "justification de bonne conscience qui
serait donnée aux perpétrateurs du génocide puisque même Dieu est pour eux". D'après Jean-Pierre Chrétien, la RTLM a "utilisé les apparitions de la Vierge Marie à Kibeho pour justifier le génocide".
Le procès des médias concerne l'ancien promoteur de la RTLM, Ferdinand Nahimana, l'ancien conseiller politique au ministère des affaires étrangères et membre du comité D'initiative de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza, ainsi que l'ancien directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze. Ils sont poursuivis notamment pour entente et incitation directe et publique à commettre le génocide et plaident non coupables.
Jean-Pierre Chrétien a publié en 1995 le livre "Rwanda. Les médias du génocide", dans lequel il parle du rôle de la presse extrémiste au Rwanda
entre 1990 et 1994. Selon Jean-Pierre Chrétien, on trouve à la RTLM "une étrange fascination pour la violence extrême". l'expert indique que la RTLM a une "délectation à entrer dans le détail des corps déchiquetés", et recourt souvent au "sadisme verbal". D'après lui, la RTLM était liée à des formations politiques extrémistes et à des miliciens postés sur les barrières pendant le génocide anti-tutsi.
Le procès des médias se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par la juge sud-africaine Navanethem Pillay, et
composée en outre des juges, norvégien Erik Mose, et sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana.
AT/DO/FH(ME-0701C)