30.05.2002 - TPIR/MEDIAS - NAHIMANA N'A PAS MOBILISE LES HUTUS CONTRE LES TUTSIS, SELON SON AVOCAT

Arusha 30 mai 2002 (FH) - l'ancien promoteur de la Radio-télévision libre des Mille collines (RTLM), Ferdinand Nahimana, n'a jamais mobilisé les Hutus contre les Tutsis, a plaidé son avocat, jeudi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Ferdinand Nahimana est coaccusé avec deux autres personnes dans le cadre du procès des anciens responsables des "médias de la haine".

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Le parquet du TPIR les poursuit notamment pour incitation à commettre le génocide anti-tutsi de 1994 et les massacres D'opposants qui ont fait un million de morts en trois mois. Ils plaident non coupables.

l'avocat français, Me Jean-Marie Biju-Duval, a affirmé que "à aucun moment Ferdinand Nahimana n'appelle à la mobilisation des Hutus" contre les Tutsis, citant des passages de ses livres et articles.

Me Biju-Duval contre-interrogeait le quarante-cinquième témoin du parquet, l'historienne américaine et activiste des droits de l'homme, Alison Des Forges, entendue comme expert.

Le parquet allègue, en se basant sur ses experts, que Ferdinand Nahimana a développé des thèses ethnistes et/ou régionalistes dans ses écrits. Historien, Ferdinand Nahimana était professeur à l'Université nationale du Rwanda (UNR) et auteur de nombreux ouvrages touchant à son domaine. Me Biju-Duval a démontré que les conclusions auxquelles a abouti Ferdinand Nahimana dans ses recherches étaient les mêmes que celle du témoin expert, qui a également étudié l'histoire du Rwanda sous Yuhi Musinga, un roi dont le règne s'est achevé dans les années 1930.

l'avocat français a par ailleurs évoqué l'accusation souvent formulée contre son client selon laquelle il serait l'initiateur de la "défense civile" destinée, selon le parquet, à tuer les Tutsis considérés dans leur ensemble comme des "ennemis."

Me Biju-Duval a, à cet effet, cité le livre de Ferdinand Nahimana, "l'élite hutue accusée", dans lequel l'accusé indique clairement que l'ennemi dont il est question est le Front patriotique rwandais (FPR) alors en guerre contre le gouvernement.

Le défenseur de Ferdinand Nahimana a déclaré qu'en prônant la défense civile, son client souligne "l'absolue nécessité de récuser les discriminations ethniques".

Dans un autre texte lu par l'avocat, Ferdinand Nahimana décrit cette défense civile comme une opération de conscientisation de l'ensemble de la société rwandaise, afin qu'elle surpasse les haines et les divisions basées sur les régions et les ethnies.

Me Biju-Duval a reproché à l'expert du parquet de se montrer péremptoire quand il dévéloppe les thèses de l'accusation et de se réfugier, en revanche, derrière "le manque de temps et la mémoire défaillante" lorsqu'il doit répondre aux questions de la défense.

Ferdinand Nahimana est coaccusé avec l'ancien directeur det rédacteur en chef de la revue kangura, Hassan Ngeze, ainsi que l'ex-conseiller politique au ministère des affaires étrangères et membre du comité D'initiative de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza.

Le procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par la juge sud-africaine Navanethem Pillay et composée en outre des juges, norvégien Erik Mose et sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana.

Le témoignage D'Alison Des Forges se poursuit vendredi matin.

AT/GF/FH (ME-0530A )