29.05.2002 - TPIR/CYANGUGU - NTAGERURA N'ETAIT PAS A CYANGUGU LE 17 AVRIL 1994, SELON UN EX-MINISTRE

Arusha 29 mai 2002 (FH) - l'ancien ministre des transports et communications sous le gouvernement intérimaire, André Ntagerura, n'était pas à Cyangugu (sud-ouest du Rwanda) le 17 avril 1994 comme l'allègue le parquet, a affirmé un témoin de la défense, mercredi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Ministre de la justice au Rwanda entre 1977 et 1984, Charles Nkurunziza a témoigné mardi et mercredi dans le procès du groupe Cyangugu (sud-ouest du Rwanda) en cours devant le TPIR.

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En 1994, Charles Nkurunziza était secrétaire général du gouvernement.

Lors du contre interrogatoire mercredi, le substitut ougandais du procureur, Richard Karegyesa, a suggéré au témoin que Ntagerura s'était rendu à Cyangugu le 17 avril 1994 pour organiser des massacres de Tutsis.

"Ce n'est pas vrai, car à cette date, il y avait un conseil des ministres et sa présence était obligatoire ce jour là", a protesté le témoin, ajoutant que Ntagerura était par ailleurs occupé à préparer des missions qu'il devait effectuer dans l'ex-Zaïre, en Tanzanie et en Afrique du Sud.

Le témoin a déclaré que compte tenu des impératifs de voyage de Ntagerura à l'étranger, un autre ministre, Daniel Mbangura, alors en charge de l'enseignement supérieur, avait été désigné à sa place pour se rendre à Cyangugu, dans le cadre des visites "de pacification"décidées par le gouvernement.

Le procureur a contesté les déclarations du témoin, au motif qu'il ne pouvait pas se rappeler des dates, qualifiant au passage sa mémoire de "défectueuse".

"Le procureur ne peut pas insulter un témoin en disant que sa mémoire est défectueuse, sans l'avoir établi par voie médicale", a vivement protesté l'avocat originaire du Congo démocratique, Me Rety Hamuli, co-conseil de Ntagerura.

Le juge président George George Lloyd Williams de Saint-Kitts et Nevis est intervenu pour calmer la situation: "Il faut accepter ses réponses, qu'elles vous plaisent ou non", a-t-il fait remarquer à l'endroit du procureur. Le témoin avait auparavant indiqué qu'il avait du mal à se rappeler des dates de certains événements entre mai et juin 1994, étant donné la situation de guerre qui prévalait à ce moment-là, a-t-il dit.

"C'était une guerre de conquête. Les Tutsis voulaient conquérir le pouvoir et conquérir le peuple hutu et le mettre à son service", selon Charles Nkurunziza.

André Ntagerura est co-accusé avec l'ancien préfet de Cyangugu, Emmanuel Bagambiki, et l'ancien commandant du camp militaire de Karambo à Cyangugu, le lieutenant Samuel Imanishimwe. Les trois plaident non coupables aux accusations de génocide retenues contre eux par le parquet.

Charles Nkurunziza est le vingt-septième témoin de la défense de Ntagerura dans ce procès qui a commencé le 18 septembre 2000.

Mercredi, le procès a été suspendu jusqu'au 1er juillet. A la reprise, Ntagerura devrait appeler huit témoins, dont la moitié seront des experts. l'accusé témoignera également pour sa propre défense.

Le procès du groupe Cyangugu se déroule devant la troisième chambre de première instance du TPIR, comprenant outre le juge Williams, les juges russe Yakov Ostrovsky, et slovène Pavel Dolenc.

Les coaccusés de Ntagerura n'ont pas encore commencé à citer leurs témoins.Après Ntagerura, ce sera le tour de Samuel Imanishimwe. Emmanuel Bagambiki clôturera la série.

GA/AT/GF/FH (CY-0529A)