28.05.2002 - TPIR/MEDIAS - LA DEFENSE ACCUSE LE PARQUET DE VOULOIR CACHER LA VERITE

Arusha 28 mai 2002 (FH) - La défense de l'ancien directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze, a accusé le parquet de vouloir cacher la vérité, mardi dans le procès des anciens responsables des "médias de la haine" en cours devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). l'avocat américain Me John Floyd, qui défend Hassan Ngeze, a formulé cette allégation à la suite D'une objection du parquet à ce qu'il dépose en preuve un rapport sur l'attentat contre l'avion de l'ex-président rwandais, Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994, la veille du déclenchement du génocide anti-tutsi et des massacres D'opposants qui ont fait un million de morts en trois mois.

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Ce rapport rédigé ultérieurement par un ex-enquêteur au TPIR, l'Australien Michael Hourigan, met en cause l'actuel président du Rwanda, Paul Kagame, et le mouvement rebelle qu'il dirigeait, le Front patriotique rwandais, dans cet attentat.

"Nous disons que le procureur essaye de cacher la vérité au Tribunal", a déclaré Me Floyd. La représentante américaine du procureur, Simone Monasebian, a répondu que cet attentat ne fait pas partie de la cause, expliquant que "ce n'est pas le FPR qui est jugé ici".

l'enquête sur l'attentat du 6 avril 1994 est actuellement entre les mains du juge D'instruction français, Jean-Louis Bruguière. Il n'a pas encore présenté ses conclusions. "Que l'avion ait été abattu par le FPR ou pas, cela ne fait pas partie de ce procès", a déclaré Simone Monasebian.

Le Tribunal a finalement admis le rapport Hourigan, ce qui signifie qu'il va l'examiner en même temps que tous les autres éléments de preuve, lors du délibéré. Me Floyd a plaidé que si le génocide a été causé par l'attentat contre l'avion qui transportait Habyarimana, cela devrait entraîner un doute raisonnable sur la responsabilité présumée des accusés.

Le parquet affirme que le génocide anti-tutsi a connu divers antécédents, notamment une campagne médiatique axée sur la haine ethnique. Hassan est coaccusé avec l'ancien directeur de la Radio-télévision libre des Mille collines (RTLM), Ferdinand Nahimana, ainsi que l'ancien conseiller politique au ministère des affaires étrangères et membre du comité D'initiative de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza. Ils plaident non coupables.

Me Floyd a plaidé que personne n'était obligé D'acheter Kangura ou D'écouter la RTLM. "Les êtres humains opéraient un choix" entre plusieurs journaux et plusieurs stations de radio, a-t-il dit. Me Floyd estime que son client est "un bouc émissaire".

Le procès des médias se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par la juge sud-africaine Navanethem Pillay, et composée en outre des juges, norvégien Erik Mose et sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana.

La déposition D'Alison Des Forges se poursuit mercredi. Elle devrait s'achever vendredi.

AT/GF/FH(ME-0528B)