27.05.2002 - TPIR/MEDIAS - UN AVOCAT ALLEGUE LA PARTIALITE D'UN EXPERT DU PARQUET

Arusha, le 27 mai 2002 (FH)-Un avocat a allégué la partialité D'un expert du parquet lundi dans le procès des anciens responsables des "médias de la haine" en cours devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). l'avocat américain Me John Floyd, qui représente l'ancien directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze, un des trois accusés dans ce procès, a plaidé que l'historienne américaine et activiste des droits de l'homme, Alison Des Forges, cité par le parquet, est "pro-tutsie.

2 min 37Temps de lecture approximatif

"

Hassan Ngeze est coaccusé avec l'ancien promoteur de la Radio-télévision libre des Mille collines (RTLM), Ferdinand Nahimana, ainsi que l'ancien conseiller politique au ministère des affaires étrangères et membre du comité D'initiative de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza. Ils sont poursuivis notamment pour incitation directe et publique à commettre le génocide anti-tutsi et les massacres D'opposants qui ont fait un million de morts entre avril et juin 1994 au Rwanda en 1994. Ils plaident non coupables.

Me Floyd a affirmé que Alison Des Forges a été influencée dans ses recherches sur le Rwanda par des contacts qu'elle a eus en 1963 avec des réfugiés tutsis en Tanzanie.

Alison Des Forges avait déclaré que son intérêt pour le Rwanda était né à cette époque où elle enseignait l'anglais dans les camps de réfugiés. Elle avait alors dix-neuf ans.

Me Floyd a estimé que "ce qui se produit tôt dans la vie des gens les transforme et forme leur système de valeurs".
Alison Des Forges a répondu que :"mon système de valeur a été formé par mes parents et par l'environnement dans lequel J'ai vécu".
l'historienne américaine est auteur du livre "Aucun témoin ne doit survivre. Le génocide au Rwanda" publié en 1995 par Human Rights Watch et la Fédération internationale des Ligues des droits de l'homme (FIDH).

Voici comment ce livre explique les préparatifs du génocide anti-tutsi de 1994:"A la fin de 1992, [le président]Habyarimana et son entourage accrurent considérablement les divisions entre Hutus et Tutsis, par des attaques, une propagande virulente et de continuelles manœuvres politiques. En 1993, Habyarimana et ses partisans se virent sur le point de perdtre le pouvoir suite aux victoires militaires importantes du FPR[ex-rébellion à dominante tutsie] et à la conclusion D'un accord de paix favorable à ce dernier. Cet accord prévoyait de surcroît que les responsables gouvernementaux, y compris le président, pouvaient être poursuivis pour les violations commises par le passé. Ces événements intensifièrent les inquiétudes chez de nombreux Hutus, y compris ceux qui n'étaient pas auparavant identifiés à Habyarimana"

Le livre ajoute: "Ceux-ci de plus en plus préoccupés par les ambitions du FPR, se rassemblèrent autour D'une nouvelle station de radio, la Radio-télévision libre des Mille collines (RTLM), ainsi qu'au tour du mouvement du Hutu power qui, en transcendant les rivalités partisanes, incarnaitr la solidarité ethnique prônée par Habyarimana depuis trois ans. A la fin du mois D'octobre au Burundi voisin, des soldats tutsis enlevèrent et tuèrent le président hutu élu quelques mois auparavant à l'issue D'un scrutin libre et équitable. Des dizaines de milliers de Burundais, Hutus et Tutsis, trouvèrent la mort dans les massacres qui suivirent. Cet assassinat, vigoureusement exploité par la RTLM, confirma les craintes de nombreux Hutus rwandais sur le refus des Tutsis de partager le pouvoir. Ils vinrent alors grossir les rangs du Hutu power".

Me Floyd a affirmé que Alison Des Forges n'aimait pas le président Habyarimana. Alison Des Forges a rétorqué qu'elle l'avait rencontré une fois et qu'elle l'avait trouvé "charmant". "Ce que je n'aimais pas, c'étaient certaines de ses politques", a-t-elle dit.

La déposition D'Alison Des Forges se poursuit mardi. Le procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par la juge sud-africaine Navanethem Pillay et composée en outre des juges, norvégien Erik Mose et sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana.

AT/GF/FH (ME-0527A )