22.05.2002 - TPIR/MEDIAS - BARAYAGWIZA AURAIT ADMIS LA RESPONSABILITE DE LA RTLM PENDANT LE GENOCIDE

Arusha 22 mai 2002 (FH) - Un des accusés aurait admis la responsabilité de la Radio-télévision libre des Mille collines (RTLM) pendant le génocide de 1994, a affirmé un expert du parquet, mercredi dans le procès des anciens responsables des "médias de la haine" en cours devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). l'historienne américaine et activiste des droits de l'homme, Alison Des Forges, a indiqué que l'ancien conseiller politique au ministère des affaires étrangères et membre du comité D'initiative de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza, a admis cette responsabilté dans un livre qu'il a publié en 1995.

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Alison Des Forges a cité des passages du livre "Rwanda. Le sang des Hutus est-il rouge ? La vérité cachée sur les massacres" dans lequel Jean-Bosco Barayagwiza dresse un compte rendu des événements politiques au Rwanda, notamment au cours de l'année 1994.

"Il est plus que probable que la RTLM a appelé la population à la résistance contre le FPR [Front patriotique rwandais, ex-mouvement rebelle à dominante tutsie] et à la lutte contre les infiltrés et les traîtres, ce qui en soit relève de la légitime défense", écrit Jean-Bosco Barayagwiza, dans un passage de son livre relevé par le témoin.

l'expert du parquet estime que Barayagwiza exprime par-là ses réelles convictions par rapport à ses activités et au rôle de la RTLM, une radio qui, dit-il, fait souvent appel à la mobilisation populaire pour résister aux infiltrés et aux traîtres.

Selon Alison Des Forges, "le terme infiltré et celui de traître apparaissent de manière récurrente durant le génocide pour désigner les Tutsis, parce qu'ils sont apparentés au FPR ethniquement".

Jean-Bosco Barayagwiza est coaccusé avec l'ancien promoteur de la RTLM, Ferdinand Nahimana, ainsi que l'ancien directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze. Ils sont poursuivis pour génocide, entente en vue de commettre le génocide, incitation directe et publique à commettre le génocide et crimes contre l'humanité et plaident non coupables.

D'après Alison Des Forges, Barayagwiza, dans son livre, a légitimé les attaques perpétrées contre les complices du FPR par des miliciens.

"Des milices pour combattre le FPR et ses alliés et complices qui préparent une nouvelle offensive, l'assaut final, est un acte légal et légitime. Par contre ce qui est illégal et réprehensible, c'est l'alliance avec l'ennemi ou la collaboration avec lui. Au cours de la deuxième guerre mondiale de tels collaborateurs subissaient un châtiment exemplaire surtout lorsqu'ils tombaient entre les mains des résistants ou des partisans", écrit l'accusé.

Le parquet affirme que les milices affiliées à l'ex-parti présidentiel, les Interahamwe, et au parti Coalition pour la défense de la République (CDR), les Impuzamugambi, ont été le fer de lance du génocide anti-tutsi et des massacres D'opposants qui ont fait un million de morts en 1994. Le parquet allègue que Barayagwiza et Ngeze étaient des membres influents du parti CDR.

Jean-Bosco Barayagwiza boycotte ce procès depuis son ouverture sur le fond en octobre 2000, arguant que le TPIR est manipulé par le gouvernement rwandais. l'avocat italien, Me Giacomo Barletta Caldarera, qui le représente contre son gré, a déclaré que le témoignage D'Alison Des Forges était un exposé "poltico-idéologique" basé sur "des théories non vérifiées".

Le procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par la juge sud-africaine Navanethem Pillay, et composée en outre des juges, norvégien Erik Mose et sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana. Le témoignage D'Alison Des Forges se poursuit jeudi.

AT/GF/FH (ME-0522A )