20.05.2002 - TPIR/BUTARE - PROCES BUTARE : MERE ET FILS ACCUSES D'AVOIR ENLEVE DES REFUGIES TUTSIS P

Arusha 20 mai 2002 (FH) - Le procès de six personnes accusées des crimes commis en province de Butare (sud du Rwanda), suspendu le 4 avril dernier, a repris lundi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), avec l'audition du onzième témoin de l'accusation. Sont concernés par ce procès, l'ex-ministre de la famille et de la promotion féminine, Pauline Nyiramasuhuko, première femme à être inculpée par une juridiction internationale ainsi que son fils Arsène Shalom Ntahobali, les ex-préfets Alphonse Nteziryayo et Sylvain Nsabimana, et deux ex-maires : celui de Ngoma, Joseph Kanyabashi, et de Muganza, Elie Ndayambaje.

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Désigné sous le pseudonyme "TK" pour protéger son identité, le témoin entendu lundi est une rescapée tutsie originaire de Gikongoro (province voisine de Butare), qui avait cherché refuge à Butare, peu après l'attentat contre l'avion du président Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994.

Mme TK a affirmé que Pauline Nyiramasuhuko et son fils Shalom Ntahobali enlevaient des Tutsis réfugiés au bureau préfectoral de Butare, pour les conduire vers une destination inconnue pour les tuer.

Les victimes étaient transportées à bord D'une camionnette conduite par Ntahobali, et chargée de miliciens qui allaient exécuter les massacres, selon le témoin.

Mme TK, qui a situé cet enlèvement fin mai-début avril 1994, a expliqué qu'elle a vu Nyiramasuhuko et son fils faire trois tours pour venir prendre ces réfugiés au bureau préfectoral.

Mme TK a en outre affirmé qu'une femme aurait eu sa gorge tranchée au bureau préfectoral, sur ordre de Nyiramasuhuko. "On chargeait les gens dans la camionnette, et Trifina a crié. Nyiramasuhuko a dit de faire taire les gens qui faisaient du bruit. On l'a agressée avec un couteau à l'épaule, elle a crié de plus belle, et on l'a égorgée. Elle a été jetée dans le véhicule, son coup ne tenait que sur une ficelle" a dit le témoin qui s'exprimait dans sa langue maternelle, le kinyarwanda.

Mme TK a par ailleurs indiqué que ces réfugiés du bureau préfectoral ont été par la suite évacués vers une localité appelée Rango, en dehors de la ville de Butare, sur ordre de l'ex- préfet Sylvain Nsabimana, après proposition de Nyiramasuhuko, qui aurait dit que "ces réfugiés constituent une saleté" et qu'il fallait les dégager de là.

Le contre-interrogatoire du témoin a été entamé lundi soir par l'avocat canadien, Guy Poupart, co-conseil de Pauline Nyiramasuhuko.

La chambre a rejeté une requête de la défense qui plaidait que les débats soient suspendus mardi pour une demi-journée, afin de permettre aux accusés D'assister à un office religieux qui sera conduit au quartier pénitentiaire du TPIR, par les nonces apostoliques de Kigali et de Dar-es- Salaam, ainsi par que l'évêque catholique D'Arusha.

Le procès de Butare se déroule devant la deuxième chambre de première instance du TPIR présidée par le juge tanzanien William Hussein Sekule, et composée en outre des juges, malgache Arlette Ramaroson, et lesothan Winston Churchill Matanzima Maqutu.

BN/AT/GF/FH(BT-0520A)