Co-auteur du livre "Rwanda. Les médias du génocide", publié en 1995, Marcel Kabanda a rédigé un rapport intitulé "Kangura, le média de la haine et du complot en vue du génocide", à la demande du parquet du TPIR. Il dépose dans ce procès depuis lundi.
Le procès des médias concerne l'ancien directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze, l'ancien promoteur de la Radio-télévision des Mille collines (RTLM), Ferdinand Nahimana, ainsi que l'ancien conseiller politique et membre du comité D'initiative de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza. Ils sont notamment coaccusés D'avoir incité au génocide anti-tutsi par le biais des médias. Ils plaident non coupables.
Selon Marcel Kabanda, la revue Kangura a conduit au génocide à partir du moment où elle a publié un numéro contenant "les dix commandements des Hutus". A partir de là, les articles de Kangura qui ont suivi ont fait de l'ethnie tutsie un groupe discriminé, déshumanisé, accusé de tous les maux, a dit l'expert du parquet.
"Le style utilisé pour parler des ces personnes, la violence avec laquelle ces personnes sont traitées, l'appel des groupes bahutu à faire la guerre à ce groupe-là qui est accusé du projet D'extermination, montre que Kangura a conduit au génocide anti-tutsi", a-t-il poursuivi.
D'après Marcel Kabanda, Kangura était lié au parti radical anti-tutsi Coalition pour la défense de la République (CDR), et ses miliciens les Impuzamugambi, aux miliciens de l'ex-parti présidentiel les Interahamwe, à la RTLM, et à l'armée."Voilà les groupes avec lesquels on voit que Kangura a des liens privilégiés, D'après ses publications", indique l'expert. Marcel Kabanda estime que Hassan Ngeze n'était pas lié à l'Etat en tant que tel, mais à certains milieux du pouvoir.
Sa déposition se poursuit vendredi.
AT/GF/FH (ME-0516A )