02.04.2002 - TPIR/MILITAIRES - LA DEFENSE SE PLAINT DE NE PAS AVOIR RECU LE RAPPORT DES FORGES

Arusha 2 avril 2002 (FH) - Les avocats de quatre hauts gradés de l'ex-armée rwandaise se sont plaints de n'avoir pas reçu le rapport D'expertise de celle qui devrait être le premier témoin de l'accusation, l'historienne américaine et activiste des droits de l'homme, Alison Des Forges. Les avocats ont indiqué que le rapport Des Forges a uniquement été déposé en anglais, alors que les accusés et la plupart de leurs conseils pratiquent le français.

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Rédactrice du livre intitulé "Aucun témoin ne doit survivre. Le génocide au Rwanda" publié en 1999 par Human Rights Watch et la Fédération internationale des Ligues des droits de l'homme, Alison Des Forges devrait notamment éclairer la chambre sur le rôle de la hiérarchie militaire pendant le génocide anti-tutsi et les massacres D'opposants qui ont fait un million de morts, selon un récent bilan établi par le gouvernement rwandais.

Le procès des militaires concerne l'ancien directeur de cabinet au ministère rwandais de la défense, le colonel Théoneste Bagosora, l'ancien commandant des opérations militaires à Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, l'ancien commandant du bataillon paracommando de Kigali, le major Aloys Ntabakuze, ainsi que l'ancien responsable des opérations à l'état-major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi.

Mardi matin, les accusés ont boycotté le procès, au motif que le parquet ne leur a pas communiqué les déclarations de ses témoins. La chambre devait décider dans l'après-midi si le procureur serait autorisé à présenter sa déclaration liminaire.

Selon le livre "Aucun témoin ne doit survivre. Le génocide au Rwanda", "Les soldats et les gendarmes, en service actif ou à la retraite, tuèrent des civils. Ils donnèrent l'autorisation, montrèrent l'exemple et ordonnèrent à D'autres de tuer. Bien que moins nombreux que les tueurs civils, les militaires jouèrent un rôle décisif en déclenchant le massacre et en l'orchestrant. "

Le document ajoute que "Dans les premières heures des tueries à Kigali, des soldats de la Garde présidentielle et des bataillons de paracommandos et de reconnaissance, aidés de quelques gendarmes, se livrèrent au carnage, quartier après quartier. Des soldats, des gendarmes et des policiers communaux déclenchèrent aussi les tueries et organisèrent tous les massacres de grande ampleur dans le reste du pays."

"Quelle que soit la responsabilité des individus ou des unités, la participation systématique et à grande échelle des militaires pendant toute la durée du génocide, démontre que leur rôle fut dicté ou approuvé par les plus hautes autorités à l'échelon national" poursuit le document, ajoutant que "Bagosora fut désigné par D'autres officiers comme le véritable chef qui déclencha le génocide."

Les accusés plaident non coupables.

Human Rights Watch et la Fédération internationale des Ligues des Droits de l'homme indiquent cependant que leur livre "ne peut pas et n'a pas l'ambition D'établir la vérité judicaire, mission qui n'appartient qu'aux juridictions étatiques et internationales légalement habilitées".

Human Rights Watch et la Fédération internationale des Ligues des droits de l'Homme rappellent que la présomption D'innocence est un droit fondamental et que rien dans le livre "ne peut être interprété comme renversant cette présomption. Ces organisations sont conscientes que ce travail peut ne révéler qu'une partie de la vérité et qu'en dépit de leurs efforts, il peut contenir des erreurs. ".

AT/GF/FH (ML-0304C )