22.03.2002 - TPIR/BUTARE - L’EX-PREFET NSABIMANA AURAIT AUTORISE L’ENLEVEMENT DE REFUGIES TUTSIS

Arusha 22 mars 2002 (FH)- L’ex-préfet de Butare (sud du Rwanda), Sylvain Nsabimana, une des six personnes accusées des crimes commis dans cette région en 1994, aurait autorisé l’enlèvement et la mise à mort des Tutsis réfugiés au chef-lieu de cette province, a affirmé un témoin de l’accusation, jeudi, devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Désigné sous le pseudonyme "QCB" pour protéger son anonymat, le neuvième témoin du parquet , qui dépose depuis mercredi, est un détenu qui attend sa sentence après avoir plaidé coupable devant la justice rwandaise.

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" Le 28 avril, j’étais allé à la préfecture chercher l’autorisation d’avoir du carburant, Shalom est venu, et s’est entretenu avec le préfet Nsabimana. Il y a des Tutsis qui s’étaient réfugiés chez le préfet, qu’on a forcés à monter dans une camionnette Daiatsu, après cet entretien", a dit le témoin.

Arsène Shalom Ntahobali, co-accusé avec Nsabimana et quatre autres dignitaires de Butare, a été accusé par QCB, mercredi, d’avoir dirigé des massacres sur plusieurs sites dans la ville de Butare.

"Nsabimana a assisté à leur embarquement. Il était assis dans son véhicule. Il regardait seulement, il n’a rien dit", a poursuivi M.QCB, qui s’exprimait dans sa langue maternelle, le kinyarwanda.

"Après avoir constaté que Nsabimana venait d’autoriser Shalom à embarquer les Tutsis, je n’ai pas eu un seul doute qu’ils allaient être tués, étant donné ce que j’avais vu auparavant à l’IRST", a dit le témoin. M.QCB a affirmé que, par la suite, des " passants venus de Save et du Groupe Scolaire " ont confirmé que ces Tutsis enlevés à la préfecture avaient été exécutés dans un petit-bois, au lieu-dit Kabutare.

Le témoin a par ailleurs indiqué que Nsabimana avait fourni un bulldozer pour creuser " une grande fosse " qui devaient engloutir "environ deux mille corps de Tutsis" massacrés le 22 avril 1994 à Kabakobwa.

Après l’enterrement de ces victimes le 23 avril, l’ex-préfet serait venu sur les lieux, en compagnie de l’ex-maire de Ngoma Joseph Kanyabashi, également accusé dans ce procès. "Kanyabashi nous a félicités, mais Nsabimana n’a rien dit " selon M.QCB.

Sont concernés par ce procès, outre Sylvain Nsabimana, Joseph Kanyabashi et Arsène Shalom Ntahobali, la mère de ce dernier Pauline Nyiramasuhuko, ex-ministre de la famille et de la promotion féminine, le successeur de Nsabimana à la tête de la préfecture de Butare, Alphonse Nteziryayo, et l’ex-maire de Muganza , Elie Ndayambaje.

Le procès de Butare se déroule devant la deuxième chambre de première instance Du TPIR présidée par le juge tanzanien William Hussein Sekule, et composée en outre des juges, malgache Arlette Ramaroson, et lésothan Winston Churchill Matanzima Maqutu.

La déposition de QCB se poursuit lundi prochain.

BN/AT/GF/FH(BT-0322A)