28.02.2002 - TPIR/SEMANZA - SEMANZA A ACHEVE SA DEPOSITION, LE PARQUET ENTEND PRESENTER DES PREUVES

Arusha 28 février, 2002 (FH) - Le parquet a annoncé qu'il allait présenter des preuves en réplique à l'issue de la déposition de l'ancien maire de Bicumbi (province Kigali rurale), Laurent Semanza, jeudi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TIPR). Le substitut canado-nigerian du procureur, Chile Eboe-Osuji, a indiqué : "D'ici mardi, je serai en mesure de vous dire sur quoi portera notre réplique", ajoutant être en possession "D'un rapport de la police kenyane, à propos des éléments qui auraient été effacés de la déclaration liminaire de l'accusé.

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Lors de sa déposition, Laurent Semanza a en effet indiqué que la date du 9 avril 1994, à laquelle il affirme avoir quitté Bicumbi, avait été effacée de la déclaration qu'il avait faite aux autorités judiciaires du Cameroun, après son arrestation en mars 1996.

Semanza a témoigné pour sa propre défense pendant plus de deux semaines. Il est poursuivi pour des massacres de tutsis perpétrés dans les communes de Bicumbi et Gikoro durant le génocide de 1994. l'accusé plaide non coupable.

Le parquet situe l'essentiel de ses allégations entre le 9 et le 14 avril 1994, alors que Semanza affirme avoir quitté sa résidence dans la nuit du 8 au 9 avril, en direction de Gitarama (centre du Rwanda).

Lors du contre-interrogatoire, Osuji a indiqué que cette défense D'alibi était insuffisante, expliquant que l'accusé pouvait avoir quitté Bicumbi n'importe quel jour D'avril 1994, la date du 9 avril n'apparaissant pas dans sa déclaration. Semanza a répliqué que des éléments de sa déclaration avaient été biffés "dans l'intérêt du procureur". Le parquet entend prouver le contraire lors de la présentation des preuves en réplique.

"Si le procureur est sûr de ses moyens de preuve, pourquoi présenter des preuves en réplique?", s'est interrogé le conseil de l'accusé, l'avocat américano-camerounais, Me Charles Taku, avant D'ajouter : "On ne doit pas permettre au procureur D'aller de part le monde chercher de nouveaux moyens de preuve".

Le juge russe Yakov Ostrovsky est intervenu à maintes reprises pour calmer les débats : "Le procureur a le droit de présenter des preuves en réplique, de même que la défense a le droit de présenter des preuves en duplique", a-t-il dit. Me Taku a estimé que : "un tel exercice risque de rouvrir l'affaire, et de prolonger la détention de l'accusé".

Les juges avaient initialement prévu que les plaidoiries auraient lieu entre le 15 et 30 avril prochains, mais ils ont du réviser leur calendrier après la requête du procureur, et reporté cet exercice entre le 6 et le 16 mai.

"Si la demande du procureur est agréée et que nous présentons une requête en duplique, tout cela ne peut être fait en un mois", a averti Me Taku.

Avant de clôturer sa déposition, Semanza a réitéré qu'il n'y avait pas eu de génocide au Rwanda, mais qu'à sa connaissance, des Hutus et des Tutsis étaient morts durant "ce que l'on a appelé 'génocide. Il y a eu des massacres des deux côtés", a-t-il dit.

Le procès Semanza se déroule devant la troisième chambre de première instance du TPIR, comprenant, outre le juge Ostrovsky, les juges, George Williams de Saint Kitts et Nevis, et Pavel Dolenc de Slovénie.

GA/AT/GF/FH (SE-0228a)