14.02.2002 - TPIR/MEDIAS - BARAYAGWIZA DENONCE LA "PROLONGATION INDUE" DE SA DETENTION

Arusha 14 février 2002 (FH) - l'ex-conseiller politique au ministère des Affaires étrangères et membre du comité D'initiative de la Radio-télévision libre des Mille collines (RTLM), Jean-Bosco Barayagwiza, dénonce la "prolongation indue" de sa détention, à la veille de la reprise du procès des anciens responsables des "médias de la haine" devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Coaccusé avec l'ancien promoteur de la RTLM, Ferdinand Nahimana, ainsi que l'ancien directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze, Jean-Bosco Barayagwiza boycotte ce procès depuis son ouverture sur le fond le 23 octobre 2000, arguant que le TPIR est manipulé par le gouvernement rwandais.

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A la reprise du procès lundi prochain, le parquet en sera à son trente-neuvième témoin.

Dans un communiqué de presse daté du 13 février, Barayagwiza déclare que "cela fait déjà plus de quinze mois que le procureur peine pour établir la preuve de ses allégations contre les trois accusés. La date à laquellle il compte épuiser ses arguments reste inconnue". l'ex-conseiller politique s'interroge : "la défense pourra-t-elle bénéficier D'un délai aussi long pour la présentation de sa preuve ?".

Jean-Bosco Barayagwiza est représenté dans ce procès par l'avocat italien Me Giacomo Barletta Caldarera, et par le Béninois Me Alfred Pognon, qu'il a refusé de rencontrer. Ils ont été désignés par le Tribunal, dans l'intérêt de la justice.

"Même si je ne participe pas à cette parodie de justice, et surtout à cause de cela, je considère que J'ai déjà subi un préjudice irréparrable avec la prolongation excessive de ma détention provisoire. Je viens, en effet, de passer six ans environ en détention provisoire. Six ans en détention et sans jugement !", s'étonne Jean-Bosco Barayagwiza dans son communiqué de presse.

"La prolongation excessive indue du procès dit des médias est le reflet de l'injustice qui règne dans ce Tribunal et que je dénonce résolument en continuant à boycotter la parodie de justice en cours. Elle est le signe de l'échec du procureur et de son incapacité à établir la preuve de ses accusations fabriquées notamment contre moi. Mais mon cas est aussi la preuve évidente de l'incapacité intrinsèque du TPIR à rendre justice", allègue-t-il.

Arrêté au Cameroun en 1996 et transféré à Arusha l'année suivante, Jean-Bosco Barayagwiza avait été libéré en novembre 1999 par la chambre D'appel du TPIR pour vice de procédure, mais elle était plus tard revenue sur sa décision après que le procureur avait présenté "des faits nouveaux".

La chambre D'appel a ordonné que Barayagwiza soit jugé en première instance. Les juges ont arrêté que s'il est déclaré coupable, sa peine sera réduite compte tenu des violations de ses droits pendant sa détention préventive et que si en revanche il est acquitté, une compensation financière lui sera octroyée.

AT/GF/FH (ME-0214A )