30.11.2001 - TPIR/MEDIAS - LE PARQUET TENTE DE PROUVER QUE NGEZE A INTIMIDE UN TEMOIN

Arusha 30 novembre 2001 (FH) - Un des responsables du centre de détention des Nations Unies cité par le parquet a déclaré, vendredi, que l'accusé Hassan Ngeze avait été sanctionné pour avoir envoyé une lettre "illégale" au prisonnier Omar Serushago. Omar Serushago a déposé récemment dans le procès des anciens responsables des "médias de la haine" et a affirmé qu'il avait reçu une lettre écrite par Hassan Ngeze, qui tentait de le dissuader à témoigner contre lui.

2 min 26Temps de lecture approximatif

Condamné à quinze ans de prison par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) après avoir plaidé coupable de génocide et de crimes contre l'humanité, Omar Serushago a affirmé qu'il avait collaboré avec Hassan Ngeze dans l'execution de crimes.

Omar Serushago a indiqué que la lettre en question lui avait été remise par un imam tanzanien, qui assure le service religieux pour les musulmans du quartier pénitenciaire du TPIR. Ngeze et Serushago sont tous les deux musulmans.

Le parquet avait demandé de faire comparaître l'imam et le commandant adjoint du centre de détention, le Canadien Claude Bouchard, qui a rédigé un rapport sur l'incident à l'intention du greffier. l'imam a refusé de comparaître, invoquant le principe de la confidentialité.

Vendredi, Claude Bouchard a déclaré qu'il avait été informé de l'existence de cette lettre par un agent de sécurité auprès duquel Omar Serushago avait porté plainte.

Claude Bouchard a indiqué qu'il a interrogé l'imam à ce sujet, en présence du commandant de prison, le Malien Saidou Guindou.

"l'imam m'a confessé qu'il avait reçu cette lettre des mains du détenu Hassan Ngeze" a dit Claude Bouchard.
"l'imam m'a dit qu'il avait reçu cette lettre et qu'il croyait que c'était un message sprituel pour donner au prisonnier Serushago", a-t-il poursuivi.
"l'imam n'a pas informé l'officier de sécurité qu'il avait une lettre pour le prisonnier Serushago", a ajouté Claude Bouchard, sous entendant qu'il s'agissait D'une faute de sa part.
l'imam a depuis lors été interdit D'officier au centre de détention et Hassan Ngeze a été sanctionné, a dit Bouchard. La sanction à l'encontre de Ngeze a été levée huit jours après par le greffier, a précisé le commandant Bouchard.

Lors du contre-interrogatoire, l'avocat américain de Hassan Ngeze, Me John Floyd, a tenté de démontrer qu'il y avait eu des problèmes de communication entre Claude Bouchard et l'imam, le premier étant un francophone parlant anglais en tant que deuxième langue, et le second un swahiliphone, parlant "un petit anglais".

Claude Bouchard a répondu que ses conversations avec l'imam se sont toujours déroulées en anglais et qu'il lui semblait que le religieux comprenait bien cette langue.

Me Folyd a par ailleurs dénoncé les conditions dans lesquelles l'aveu de l'imam été arraché, arguant qu'il était sous stress.

Me Floyd a nié que son client ait rédigé la dite lettre, suggérant qu'elle peut être de la main D'Omar Serushago ou de l'agent de sécurité.

Parlant pour l'agent de sécurité, Claude Bouchard a répondu "A moins qu'il ait eu une vitesse vertigineuse à apprendre le kinyarwanda"

Me Floyd a en outre indiqué qu'il n'avait trouvé aucune menace dans la lettre attribuée à son client. "Cette lettre ne contient rien de menaçant. Ca pourrait être considéré comme une demande. Une menace comporte quelque chose de sinistre" a plaidé Me Floyd.

Me Floyd s'était farouchement opposé à la comparution de Claude Bouchard, arguant qu'il s'agissait de "l'ouï-dire au cinquième degré".

Le procès des médias concerne outre Hassan Ngeze, l'ancien promoteur de la Radio-télévision libre des Mille collines (RTLM), Ferdinand Nahimana, ainsi que l'ancien conseiller politique au ministère des affaires étrangères et membre du comité D'initiative de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza.
AT/DO/FH (me_1130b )