26.11.2001 - TPIR/MEDIAS - LE PROCES S'EST POURSUIVI LUNDI EN l'ABSENCE DU JUGE PRESIDENT

Arusha, le 26 novembre 2001 (FH) - Le procès des anciens responsables des "médias de la haine" s'est poursuivi lundi en l'absence de la présidente de la chambre, la juge sud-africaine Navanethem Pillay. Navanethem Pillay, qui est également présidente en exercice du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), sera à l'extérieur de la Tanzanie penadnt quelques jours, dans le cadre D'un voyage "statutaire".

2 min 58Temps de lecture approximatif

La chambre a poursuivi l'audition de l'ancien chef milicien Omar Serushago, en présence de deux juges seulement, le Norvégien Erik Mose et le Sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana. Le réglement permet la continuation des débats en cas D'empêchement D'un juge pour une courte durée. La chambre a déjà pratiqué cela plus D'une fois.

Lundi matin, Omar Serushago était toujours contre-interrogé par l'avocate anglaise, Me Diana Ellis, co-conseil de l'ancien promoteur de la Radio-télévision des Mille collines (RTLM), Ferdinand Nahimana, un des accusés.

Le procès des médias concerne également l'ancien conseiller politique au ministère des affaires étrangères et membre du comité D'initiative de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza, et l'ancien directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze.

Omar Serushago a été condamné à quinze ans de prison par le TPIR après avoir plaidé coupable de génocide et de crimes contre l'humanité. Il a offert de coopérer avec le parquet dans ses enquêtes.

Me Ellis a plaidé que le condamné espérait que sa peine pourrait être encore réduite "en apportant autant D'assistance que le souhaite le procureur".

"Maître, que l'on allège ma peine, ou pas, je crois que c'est Dieu qui le fera. Je suis en prison, je purge ma peine de quinze ans. Il faut toujours croire en Dieu", a simplement répondu Omar Serushago.

l'avocate anglaise a par ailleurs soutenu que le condamné se donnait beaucoup plus D'importance qu'il n'avait eu à Gisenyi (ouest du Rwanda) dans les années 1990.

Omar Serushago a affirmé qu'il était issu D'une famille "riche" et "politisée", proche de l'ex-président rwandais Juvénal Habyarimana, dont la mort a déclenché le génocide anti-tutsi et les massacres D'opposants en 1994.

Omar Serushago a affirmé qu'il a participé personnellement aux réunions préparatoires au génocide.

Me Ellis lui a en outre demandé pourquoi il n'avait pas mis à l'abri sa mère et son épouse tutsies alors qu'il savait qu'un génocide était imminent. Le condamné a répondu que "quand on avait une certaine importance, on pouvait protéger sa famille et je l'ai prouvé en la protégeant".

Me Ellis a par ailleurs posé des questions sur plusieurs anciens responsables de la milice Interahamwe, dont son premier vice-président Phénéas Ruhumuliza, et son trésorier Dieudonné Niyitegeka, cherchant notamment à établir si certains D'entre eux avaient été, à un moment donné, recrutés comme informateurs par le bureau du procureur.

Le parquet entend faire comparaître prochainement un témoin qui aurait connu les activités de la milice Interahamwe, "à partir de l'intérieur". Soucieux de protéger son identité, le témoin a demandé de déposer à huis clos, et par vidéo-conférence.

Une lettre controversée

l'un des responsables du centre de détention du TPIR, le Canadien Claude Bouchard, sera appelé à la barre à la suite de la déposition D'Omar Serushago. Le condamné a affirmé avoir reçu de Hassan Ngeze une lettre dans laquelle l'accusé aurait tenté de le dissuader à déposer contre lui.

Claude Bouchard devrait donner "le fondement concernant la lettre", a déclaré le substitut américain du procureur, Stephen Rapp.

Omar Serushago allègue qu'il a reçu cette lettre par l'intermédiare D'un imam (chef réligieux musulman) qui assure régulièrement l'office religieux au centre de détention. l'imam devait également témoigner sur l'incident.

Stephen Rapp a cependant indiqué que l'imam avait "posé des questions sur la confidentialité" de son témoignage et pourrait en conséquence refuser de se présenter à la barre.

l'avocat américain de Hassan Ngeze, Me John Floyd, a pour sa part indiqué qu'il s'opposait à la déposition de Claude Bouchard, expliquant qu'elle constituait un problème, "parce que il ne peut pas déposer au nom de l'imam".

"l'imam est en train de faire pénitence, c'est pourquoi il refuse de témoigner", a estimé Me Floyd.

Hassan Ngeze a de son côté réitéré son souhait de contre-interroger Omar Serushago. Le juge Mose lui a demandé de remettre ses questions à ses avocats. Hassan Ngeze est en conflit permanent avec ses défenseurs et préfererait poser lui-même les dites questions.
AT/DO/FH (me_1126a )