19.11.2001 - TPIR/BUTARE - l'EX-MAIRE DE MUGANZA AURAIT ORDONNE LE MASSACRE DE TUTSIS DANS UNE EGLIS

Arusha, le19 novembre 2001(FH) - Le cinquième témoin de l'accusation dans le procès de six personnes accusées des crimes commis en préfecture Butare (sud du Rwanda), a accusé l'ex-maire de Muganza Elie Ndayambaje D'avoir ordonné de massacrer des Tutsis qui avaient cherché refuge à l'église catholique de Mugombwa, lundi, devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). "Le bourgmestre [maire]est venu à l'église.

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Il nous a montré la photo du président Habyarimana et nous a demandé si nous le reconnaissions. Nous avons acquiescé , puis il nous a dit que nous étions complices des Inkotanyi [rebelles tutsis], et que nous devions être tués, parce que le président lui-même a été tué par les Inkotanyi" a déclaré le témoin,
désigné sous le pseudonyme "QAR" pour protéger son identité.

Mme QAR , une rescapée tutsie âgée de trente-six ans au moment des faits et qui n'a fait que cinq D'école primaire, ne se rappelait pas les dates auxquelles les crimes allégués auraient été commis et n'évoquait que les jours de la semaine.

Selon elle, deux grenades ont été lancées à l'intérieur de l'église, après un passage de l'accusé. "La première fois qu'il [Ndayambaje] est venu, c'était un mercredi. Le jeudi, il est arrivé pour la deuxième fois, et a dit aux hommes qui étaient
là :"Je vois que vous vous concentrez à manger les vaches des Tutsis et si ces derniers venaient à échapper qu'allez-vous payer?" a déclaré QAR.

Le témoin a ajouté que l'accusé a ensuite demandé aux assaillants présents s'ils avaient des armes en quantité suffisante, et serait tout de suite parti en chercher pour ceux qui n'en avaient pas.

Ndayambaje serait revenu avec des machettes et des haches. Il les a alors distribuées aux assaillants, qui à leur tour les ont utilisées pour massacrer des Tutsis, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'église, selon le témoin.

Le témoin a en outre affirmé qu'"un liquide semblable à de l'essence a été versé à l'intérieur de l'église", avant D'y mettre le feu.

Le témoin n'a pas pu estimer le nombre de personnes tuées à l'église de Mugombwa.

l'avocat canadien D'Elie Ndayambaje, Me Pierre Boulé, s'est plaint de ce que le témoin, malgré qu'il s'agissait D'un interrogatoire principal, "ne répond pas aux questions qui lui sont posées, puis qu'à plusieurs reprises, il répond ou donne des réponses en dehors des questions lui posées".

Me Boulé a par ailleurs soulevé plusieurs objections à l'encontre du représentant tanzanien du procureur , Japhet Mono, qui menait l'interrogatoire, pour ses questions "vagues" ou "suggestives".

Me Pierre Boulé a entamé le contre-interrogatoire du témoin lundi soir, et devrait le poursuivre mardi matin.

Sont concernés par ce procès, outre Elie Ndayambaje, l'ex-maire de Ngoma Joseph Kanyabashi, l'ex-ministre de la famille et de la promotion féminine, Pauline Nyiramasuhuko, originaire de cette préfecture, son fils Arsène Shalom Ntahobali, et deux ex-préfets de Butare, Sylvain Nsabimana, et Alphonse Ntaziryayo.

Mme "QAR" a affirmé qu'au mois de juin 1994, l'ex-préfet Alphonse Nteziryayo, a tenu une réunion au bureau communal de Muganza, au cours de laquelle il aurait appelé la population à exterminer les femmes et les jeunes filles tutsies qu'Elie Ndayambaje avait épargnées après avoir déclaré " qu'elles n'étaient pas nocives".

l'ex-préfet aurait dit en substance que quand on balaye une maison il faut le faire complètement, signifiant qu'il fallait tuer tous les Tutsis.

Le procès Butare se déroule devant la deuxième chambre de première instance du TPIR présidée par le juge tanzanien William Hussein Sekule, et composée en outre de la juge malgache Arlette Ramaroson, et du lesothan Matanzima
Maqutu.
BN/AT/DO/FH(BT_1119A)