Me Lennox Hinds et son co-conseil Me Nkeyi Bompaka du Congo démocratique, affirmaient que l'accusé "éprouvait des douleurs atroces" dont les origines n'avaient pas pu être identifiées par les médecins affectés au centre de détention et sollicitaient que le Tribunal ordonne qu'il soit transféré dans une clinique spécialisée.
Se basant sur un rapport médical émanant du centre de détention, les juges ont conclu que "rien n'empêche le détenu de comparaître devant le Tribunal". La chambre a ordonné que l'accusé soit présent au procès et que son absence éventuelle n'empêcherait pas la procédure de se poursuivre.
Me Hinds a contesté la décision des juges et a déclaré : " Je ne saurais rester dans ce prétoire alors que mon client est souffrant". l'avocat américain a ajouté:"Si mon client est souffrant , pourquoi le torturez-vous?".
Me Hinds avait fait amener Juvénal Kajelijeli, pour prouver qu'il disait la vérité. Marchant sur une jambe, appuyé sur une béquille et soutenu par un policier, l'accusé, visiblement fatigué, s'est assis en position penchée derrière ses avocats. La défense espérait que les juges allaient permettre à Juvénal Kajelijeli de s'exprimer mais ils ne l'ont pas estimé nécessaire.
Les substituts nigérians du procureur, Ibukunolu Babajide et Ifeoma Ojemeni, ont accusé la défense "D'utiliser des tactiques dilatoires pour retarder le procès" Ils ont en conséquence invité le Tribunal à sanctionner les avocats pour avoir présenté une requête "frivole" Pour les représentants du parquet, il s'agit D'une "comédie de la part de l'accusé".
Commentant la menace de retrait de l'affaire brandie par Me Hinds, le juge tanzanien William Hussein Sekule, qui présidait les débats, a indiqué qu'il ne "voyait pas la justification D'un tel comportement"
Les représentants du parquet avaient pour leur part estimé qu'il s'agissait D'un "outrage au Tribunal "
Le pire a pu être évité lorsque, au terme D'une pause de quinze minutes sollicitée par l'avocat américain,.ce dernier a annoncé que Juvénal Kajelijeli renonçait à son droit D'être présent au procès en attendant son rétablissement. l'avocat a expliqué "que cela élimine le cas de conscience qui était le mien".
C'est la deuxième fois que Juvénal Kajelijeli se plaint devant la chambre D'avoir été mal soigné. Au mois de mars 2000, l'accusé avait indiqué qu'il avait "tellement souffert" et que le traitement qui lui a été fait jusque là n'avait pas permis D'atténuer ses douleurs. Juvénal Kajelijeli souffrait D'hypertension, D'arthrite et de goutte.
C'est également la deuxième fois que Me Hinds menace de se retirer du procès. Au mois de janvier dernier, il avait indiqué qu'il allait démissionner si le Tribunal n'ajournait pas le procès jusqu'en juin. l'avocat avançait des difficultés au sein de son cabinet à New York et le besoin D'organiser son équipe à Arusha. l'affaire avait été remise au mois de mars.
Mardi soir, le Tribunal a entamé l'audition D'un nouveau témoin du parquet. Dénommé "GDD" pour protéger son anonymat, le neuvième témoin du parquet est un Hutu condamné à quatorze ans de prison au Rwanda, après avoir plaidé coupable de génocide. Peu avant sa déposition, le témoin a indiqué qu'il était également malade. "Honorables juges, J'accepte de faire un témoignage ici, je le ferai en toute vérité, mais excusez moi, ça ne devrait pas prendre longtemps parce que je suis malade. Je souffre de la tuberculose", a-t-il dit.
Un des témoins précédents était tombé en syncope au cours de sa déposition. l'agence Hirondelle n'a pas pu établir si cette femme âgée était malade, fatiguée, ou traumatisée par le génocide anti-tutsi de 1994.
Le procès Kajelijeli se déroule devant la deuxième chambre de première instance du TPIR comprenant outre le juge Sekule, des juges lesothan Matanzima Maqutu et malgache Arlette Ramaroson. La déposition de GDD se poursuit mercredi matin.
AT/PHD/FH (KJ_1002A)