21.09.2001 - RWANDA/TANZANIE/NTUYAHAGA - NTUYAHAGA RISQUE LA MORT EN CAS D'EXTRADITION, SELON UN TEM

Dar-es-salaam, le 21 septembre 2001(FH) - Un témoin de la défense qui a déposé vendredi contre l'extradition D'un ancien officier de l'armée rwandaise a affirmé devant un tribunal de Dar-es-salaam que l'intéressé serait inévitablement tué une fois de retour au Rwanda. Ancien responsable de la logistique au camp militaire de Kigali, le major Bernard Ntuyahaga est réclamé par le gouvernement rwandais pour son rôle présumé dans l'assassinat de l'ancien premier ministre Agathe Uwilingiyimana et le meurtre de dix casques bleus belges membres de son escorte, le 7 avril 1994 à Kigali, aux premières heures du génocide anti-tutsi et des massacres D'opposants.

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Le témoin est un prêtre burundais qui a vécu au Rwanda pendant vingt-deux ans et qui réside actuellement en Belgique.

l'abbé Juvénal Bamboneyeho a déclaré devant le tribunal de Kisutu qu'en cas D'extradition, le major Ntuyahaga serait "taillé en pièces".

Selon le prélat burundais, au Rwanda, il n'existerait pas de présomption D'innocence et ceux qui sont retournés là-bas "ou bien se sont fait tuer ou croupissent dans des prisons", selon lui.

Le témoin a cité comme exemple l'homme D'affaires Froduald Karamira, extradé à partir de l'Inde et qui a été exécuté en public après qu'un tribunal de Kigali l'eut déclaré coupable de génocide. Juvénal Bamboneyeho a également évoqué le cas de l'ancienne ministre de la justice sous le gouvernement intérimaire, Agnès Ntamabyaliro, qui s'était réfugié en Zambie, et qui est actuellement en détention à Kigali. Elle a été vraisemblablement rapatriée de force, à la faveur de la première guerre au Congo démocratique.

Le témoin a nié toute implication de l'ancien officier dans l'assassinat de l'ancien premier ministre Uwilingiyimana. "Comment aurait-il pu tuer la seule autorité originaire du sud comme lui-même" a argumenté le témoin. "Dans l'intérêt de qui aurait-il fait cela?" a-t-il poursuivi. Le témoin a expliqué que la plupart des postes-clés au sein du gouvernement étaient détenus par des gens originaires du nord du pays.

l'abbé Bamboneyeho a déclaré qu'il avait quitté Gitarama (centre du Rwanda) où il officiait le 10 juin 1994, suite aux informations faisant état de l'assassinat de trois évêques catholiques et de onze prêtres dans la localité voisine de Kabgayi par des soldats du Front patriotique rwandais (FPR, ex-rébellion à dominante tutsie aujourD'hui au pouvoir à Kigali).

Il a signalé qu'il a côtoyé le major Ntuyahaga pendant six mois, lorsque l'ancien officier commandait le camp militaire de Gitarama. Le prêtre a signalé qu'il avait l'habitude de se désaltérer avec Bernard Ntuyahaga, après les heures de service.

Interrogé par la représentante du parquet, Amma Munisi, au sujet de l'endroit ou se trouvait le major Ntuyahaga le 7 avril 1994, le prélat a répondu: "je n'étais pas à Kigali, comment le saurais-je?"

Amma Munisi a voulu par ailleurs connaître les sources D'informations du témoin sur le Rwanda, et il a répondu que c'était essentiellement les médias, en particulier Radio Vatican. Amman Munisi a plaidé qu'il s'agissait de l'ouï-dire.

Le procès a été ajourné jusqu'au 26 novembre, date à laquelle la défense fera comparaître "deux ou trois témoins". Ceux-ci pourraient être les derniers dans cette affaire.

Bernard Ntuyahaga est représenté par l'avocat belge, Me Luc de Temmerman, et un confrère tanzanien, Me Jwan Mwaikusa.

Le premier témoin de la défense a été le Belge, Christian de Beule, qui a vécu au Rwanda pendant sept ans. Il a également estimé que Ntuyahaga risquait la mort en cas D'extradition.

NI/AT/PHD/FH (NU_0921A )