18.09.2001 - TPIR/NTAKIRUTIMANA - LES ACCUSES N'ONT JAMAIS PARTICIPE A DES MASSACRES, SELON LA DEFEN

Arusha, le 18 septembre 2001 (FH) - Les avocats du pasteur Elizaphan Ntakirutimana et de son fils, le Dr Gérard Ntakirutimana, ont affirmé que leurs clients n'ont jamais participé à une quelconque action violente et à des massacres de Tutsis, lors de leurs déclarations liminaires mardi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Elizaphan et Gérard Ntakirutimana sont conjointement accusés de génocide et de crimes contre l'humanité.

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Le parquet allègue qu'ils ont participé à des massacres de Tutsis à Mugonero (préfecture de Kibuye, ouest du Rwanda) et dans les collines avoisinantes de Bisesero.

l'avocat américain D'Elizaphan Ntakirutimana, Me Ramsey Clark, et son compatriote, Me Edward Medvene, qui représente Gérard Ntakirutimana, ont plaidé que "les charges retenues contre ces deux hommes n'ont aucun sens".

Les avocats ont invité les juges à considérer les accusés comme des individus pris isolément et non à se laisser emporter par des généralités sur le génocide au Rwanda, développées, selon eux, par l'accusation.

Me Clark a présenté l'ancien pasteur à l'église de Mugonero comme "un conciliateur" et "un pacificateur" qui a toujours travaillé avec les Tutsis et n'a jamais pratiqué la discrimination basée sur l'ethnie. "C'était un homme honnête pendant toute cette période de tourmente", a déclaré l'avocat américain.

Me Clark a soutenu qu'un pasteur, fût-il aimé et respecté, n'aurait pu faire quoi que ce soit pour arrêter le génocide de 1994. Le défenseur de l'homme D'église a rappelé que même les puissances occidentales n'ont pas pu empêcher les massacres, citant nommément la Belgique, la France et son propre pays, les Etats-Unis.

Me Clark a révélé que le domicile de son client avait été attaqué en 1994, et qu'il s'était réfugié, avec sa famille, au lieu-dit Gishyita. Elizaphan Ntakirutimana a perdu des fidèles, des pasteurs et même des parents proches, a indiqué Me Clark.

l'avocat américain a ajouté que Elizaphan Ntakirutimana n'a jamais été membre D'un parti politique au Rwanda. "Si un pasteur devait s'engager dans une activité politique, il devait démissionner", a-t-il expliqué. Le procureur avait affirmé que le pasteur était membre du Mouvement démocratique républicain, parti de l'ancien premier ministre sous le gouvernement intérimaire, Jean Kambanda, condamné à l'emprisonnement à vie pour génocide.

"Il s'impliquait à sauver des âmes, comme Gérard Ntakirutimana était impliqué dans le soin aux malades", a souligné Me Clark.

Me Medvene a abondé dans le même que son confrère, ajoutant que le Dr Ntakirutimana avait une longue histoire de vie commune avec les Tutsis et ne pouvait par conséquent participer à leur extermination. Des témoins de la défense montreront que l'ancien médecin a fait tout ce qui était à son pouvoir pour cacher des personnes persécutées, a-t-il déclaré.

Mardi soir, le Tribunal a commencé l'audition du deuxième témoin de l'accusation, l'enquêteur hollandais engagé par le TPIR, Antonio Maria Leucassen. Sa déposition porte sur les cartes des lieux des crimes allégués dans l'acte D'accusation. Le parquet entend citer vingt-quatre témoins dans ce procès, dont un expert. l'accusation devrait se présenter sa preuve pendant "six à sept semaines".

AT/PHD/FH (NT_0918B )