11.09.2001 - TPIR/CYANGUGU - ANDRE NTAGERURA ACCUSE DE DISTRIBUER DES ARMES

Arusha, le 11 septembre, 2001 (FH) - Un témoin du parquet a affirmé que l'ancien ministre des transports sous le gouvernement intérimaire, André Ntagerura, a procédé à la distribution D'armes à feu aux milices avant le génocide de 1994, lors de sa déposition mardi dans le procès du groupe Cyangugu (sud-ouest du Rwanda) en cours devant le Tribunal pénal international pour la Rwanda (TPIR). Désigné sous le pseudonyme "LAP" pour protéger son anonymat, le témoin a déclaré qu'en date du 28 janvier 1994, André Ntagerura était venu à bord D'un hélicoptère au camp militaire de Bigogwe, à Gisenyi (ouest du pays), où devait se tenir une fête anniversaire pour la libération de la commune Butaro (préfecture Ruhengeri, nord du Rwanda), qui avait auparavant été prise par le Front patriotique rwandais (FPR), l'ex-mouvement rebelle à majorité tutsie actuellement au pouvoir à Kigali.

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Outre Ntagerura, le procès du groupe Cyangugu concerne l'ancien préfet de la place, Emmanuel Bagambiki, ainsi que l'ancien commandant de la garnison militaire de la même région, Samuel Imanishimwe. Les trois sont accusés de génocide et de crimes contre l'humanité. Ils plaident non coupables.

Selon le témoin, Ntagerura aurait déclaré, lors D'un discours prononcé peu après son arrivée au camp militaire de Bigogwe, qu'il venait D'apporter "des vêtements et des fusils" pour des Interahamwe (milices hutues pro-gouvernementales), et qu'il allait ensuite contacter le directeur de l'Office national des transport en commun (ONATRACOM) pour qu'il fournisse des véhicules de transport.

l'accusé aurait ordonné à un officier qui dirigeait ce camp de chercher un militaire pour décharger lesdits équipements, selon le témoin. Six ballots D'uniformes destinés aux Interahamwe et deux boîtes en cartons contenant des armes à feu de type kalachnikov auraient été déchargés à cette occasion.

M. LAP est détenu au Rwanda pour des crimes de génocide. Il a affirmé qu'après le déchargement de ces équipements, Ntagerura aurait déclaré que "s'il y avait un autre politicien qui mourrait, on allait utiliser ces armes de façon appropriée". Le témoin a été incapable de nommer le politicien auquel Ntagerura faisait allusion.

Lors du contre-interrogatoire mené par le conseil principal de Ntagerura, le Canadien Me Henry Benoît, le témoin a été par moments incohérent eu égard à ses déclarations antérieures aux enquêteurs du parquet.

A la question de savoir pourquoi il n'avait pas fait antérieurement allusion au directeur de l'ONATRACOM, le témoin s'est contenté de dire: "Je n'avais pas déclaré cela, mais maintenant je le déclare".

Le défenseur Me Henry Benoît a soutenu que les allégations de distribution D'armes ne figuraient pas dans l'acte D'accusation, mais le juge président a estimé que "dans certaines conditions, le témoin peut ajouter des informations, tout en ne s'écartant pas trop de sa déclaration (antérieure)".

Le procès se déroule devant la troisième chambre de première instance du TPIR, présidée par le juge George Williams de St Kitts et Nevis, et comprenant en outre les juges russe Yakov Ostrovsky et slovène Pavel Dolenc.

GA/PHD/AT/FH (CY_0911A)