16.07.2001 - TPIR/ITALIE - l'ITALIE A l'OBLIGATION DE COOPERER AVEC LE TPIR, SELON LE PROCUREUR DEL

Arusha 16 juillet 2001 (FH) - Le gouvernement italien a l'obligation de coopérer avec le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) en arrêtant un Rwandais accusé de génocide, estime le procureur de la juridiction internationale de l'ONU. Le porte-parole du procureur, Florence Hartmann, a indiqué lundi à l'agence Hirondelle que des contacts se poursuivaient avec les autorités italiennes pour qu'elles arrêtent et transfèrent vers le TPIR un prêtre rwandais réfugié dans la péninsule et présumé avoir joué un rôle dans le génocide anti-tutsi de 1994, mais "que la situation était bloquée".

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La semaine dernière, le procureur du TPIR, Carla del Ponte, avait déclaré que l'Italie avait sursis à l'exécution D'un mandat D'arrêt émis par la juridiction internationale en "prétextant une absence de base légale adéquate".

Florence Hartmann a expliqué qu'en tant que membre des Nations unies, l'Italie avait le devoir de coopérer avec les tribunaux internationaux pour le Rwanda et l'ex-Yougoslavie. Selon Florence Hartmann, quand l'Italie affirme que le droit interne ne lui permet pas D'arrêter et de transférer un accusé vers le TPIR, il s'agit "D'un faux argument".

Le porte-parole du procureur a estimé que l'Italie devrait suivre l'exemple de la Suisse qui, bien que n'étant pas membre de l'ONU, a arrêté des suspects de génocide. Le dernier en date est l'abbé Emmanuel Rukundo, interpellé jeudi passé et qui devrait être transféré prochainement au TPIR.

Florence Hartmann a indiqué que, n'étant pas en mesure D'exercer des pressions sur l'Italie, le TPIR continuera à lui expliquer son devoir de coopérer. Le TPIR utilisera également D'autres pays membres de l'ONU pour persuader ce pays, a ajouté Florence Hartmann.

La semaine dernière, trois Rwandais ont été arrêtés en Europe, dont un prêtre réfugié en Suisse, portant à quarante-neuf le nombre de personnes détenues sous l'autorité du TPIR. Florence Hartmann a déclaré que le procureur du TPIR a élaboré un plan pour ses enquêtes sur une période allant jusqu'à 2005.

Selon le porte-parole du procureur du TPIR, ce plan prévoit l'arrestation de quelque trente personnes par an. En 2005, deux cents personnes seront détenus par le TPIR en rapport avec le génocide rwandais, a déclaré Florence Hartmann.

Le porte-parole du procureur a indiqué qu'il ne pouvait pas révéler le nom de la personne recherchée en Italie parce que son acte D'accusation est encore sous scellé. Plusieurs médias internationaux ont néanmoins révélé qu'il s'agissait du prêtre rwandais Athanase Seromba.

Originaire de la commune Rutsiro en préfecture de Kibuye (ouest du Rwanda), l'abbé Athanase Seromba était en charge de la paroisse catholique de Nyange, en commune Kivumu, dans la région de Kibuye.

Selon des enquêtes de l'organisation de défense des droits de l'homme basée à Londres African Rights, le prélat aurait refusé D'apporter assistance aux Tutsis qui avaient pris refuge dans sa paroisse. Il aurait en outre refusé de leur acheter de la nourriture, alors qu'ils lui demandaient D'utiliser leur propre argent.

Environ deux mille Tutsis ont été tués à Nyange en 1994, selon African Rights. l'église dans laquelle ils avaient pris refuge a été détruite à l'aide de bulldozers le 15 avril 1994, selon des témoins. l'abbé Seromba aurait été présent lors de l'écrasement des réfugiés et aurait payé les chauffeurs des bulldozers.

AT/PHD/FH (IT_0716A)