04.07.2001 - TPIR/KAJELIJELI - REPRISE DU PROCES DE l'ANCIEN DE MAIRE DE MUKINGO

Arusha 4 juillet 2001 (FH) - Le procès de l'ancien maire de Mukingo (préfecture de Ruhengeri, nord du Rwanda), Juvénal Kajelijeli, a redémarré mercredi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). La reprise de ce procès est consécutive à la recomposition de la chambre qui le juge, suite au décès en mai dernier du juge sénégalais Laïty Kama qui avait présidé les débats à l'ouverture des débats deux mois plus tôt.

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Dans sa déclaration liminaire, le substitut australien du procureur, Kenneth Fleming, a décrit l'accusé comme quelqu'un qui avait un pouvoir incalculable sur une petite portion du Rwanda et qui l'a utilisé en détruisant des vies humaines.

Le parquet envisage de citer quinze témoins dans ce procès. Juvénal Kajelijeli répond de onze chefs D'accusation de génocide et de crimes contre l'humanité. Kenneth Fleming a affirmé que les crimes pour lesquels l'accusé est poursuivi dépassent le cadre D'un groupe particulier ou D'un pays donné, mais choquent la conscience collective de l'humanité.

Kenneth Fleming a soutenu que douze heures après l'attentat qui a coûté la vie à l'ancien président Juvénal Habyarimana, l'accusé "avait ses troupes mobilisées". Il leur aurait dit de revêtir leurs uniformes, parce qu'ils avaient "un travail à faire", a déclaré Kenneth Fleming. Le représentant du parquet a ajouté que les tueries ont immédiatement commencé. Selon le procureur, Juvénal Kajelijeli a distribué des armes et supervisé des barrages routiers pour s'assurer que "le travail" de tuer les Tutsis était bien fait.

Evoquant l'accusation D'entente en vue de commettre le génocide, Kenneth Fleming a indiqué que le parquet prouvera au-delà de tout doute raisonnable que Juvénal Kajelijeli était le bras droit de l'ancien président du parlement sous le gouvernement intérimaire, Joseph Nzirorera, originaire de Mukingo. Joseph Nzirorera est également détenu à Arusha mais son procès n'a pas encore commencé.

Juvénal Kajelijeli est également poursuivi pour viols. Selon Kenneth Fleming, une mère a témoigné que lorsqu'elle était cachée avec ses enfants, elle a entendu l'accusé inciter des miliciens Interahamwe à violer des filles tutsies avant de les tuer. Cette mère devrait déposer au sujet des violences sexuelles subies par sa fille de quatorze ans, a déclaré Kenneth Fleming.

Prenant la parole à son tour, l'avocat américain de Juvénal Kajelijeli, Me Lennox Hinds, a soutenu que son client a été arrêté simplement parce qu'il vivait sous le même toit que Joseph Nzizorera. Les deux hommes ont été arrêtés au Bénin en juin 1998. Me Hinds a estimé que que son client se trouvait "à la mauvaise place au mauvais moment".

Me Hinds a plaidé que le parquet aurait induit en erreur les autorités béninoises et le TPIR sur la responsabilité de l'accusé, ajoutant que tous les témoins à charge ont été interrogés après son arrestation.

Me Hinds a souligné que Juvénal Kajelijeli n'a été maire que pendant trois semaines en 1994 et qu'aucune allégation du parquet ne se rapportait à cette période durant laquelle il a occupé cette fonction. La défense a soutenu que l'ancien maire était accusé par amalgame. Le Tribunal a entamé mercredi après-midi l'audition du premier témoin du parquet. Dénommé "GBV" pour protéger son anonymat, ce témoin devrait démontrer les liens qui existaient entre Joseph Nzirorera et Juvénal Kajelijeli.

Le procès se déroule devant la deuxième chambre de première instance du TPIR présidée par le juge tanzanien William Hussein Sekule et comprenant en outre les juges malgache, Arlette Ramaroson, et lesothan, Winston Churchill Matanzima Maqutu.

JC/AT/PHD/FH (KJ_0704A)