02.07.2001 - TPIR/MEDIAS - LE PROCES AJOURNE JUSQUE MERCREDI FAUTE DE TEMOINS DU PARQUET

Arusha 2 juillet 2001 (FH) - Le procès de trois anciens responsables "des médias de la haine" a été ajourné jusqu'à mercredi faute de témoins du parquet, a-t-on constaté lundi au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Le substitut américain du procureur, Stephen Rapp, a indiqué que le témoin dont l'audition était prévue lundi matin n'était pas encore arrivé à Arusha et a demandé que les débats soient reportés.

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La présidente de la chambre, la juge sud-africaine Navanethem Pillay, a déclaré à l'intention du parquet que "la chambre est déçue que nous n'ayons pas de témoins. Nous avons entendu des problèmes auxquels vous êtes confrontés et qui ne sont pas dépendants de vous. Certains témoins ont refusé de venir, D'autres se sont désistés".

Stephen Rapp avait auparavant expliqué que plusieurs de ses témoins ne viendront pas déposer dans ce procès pour diverses raisons. Le représentant du parquet a fait remarquer que son bureau avait soit perdu le contact avec certains témoins notamment en raison de l'insécurité signalée au nord-ouest du Rwanda, soit renoncé à certains D'entre eux en raison du fait qu'ils "faisaient des développements illogiques", ou qu'ils "ne voulaient pas témoigner". Stephen Rapp a affirmé que l'accusation ne pouvait obliger un témoin non consentant à comparaître.

A l'ouverture du procès en octobre 2000, le parquet avait annoncé quatre vingt dix sept témoins mais seulement une quarantaine D'entre eux semblent disponibles à ce jour. Lundi, le parquet a sollicité des mesures de protection pour dix-neuf nouveaux témoins. Le Tribunal a accepté que seize D'entre eux puissent bénéficier de telles mesures dont la plus importante est la comparution sous couvert de l'anonymat.

Parmi les témoins attendus figurent l'ancien chef milicien en préfecture de Gisenyi (Ouest du Rwanda), Omar Serushago, condamné à quinze ans de prison par le TPIR après avoir plaidé coupable de génocide et de crimes contre l'humanité. Une autre personne condamnée par le TPIR, l'ancien présentateur italo-belge à la Radio-télévision libre des mille collines (RTLM), Georges Ruggiu, sera également cité par le parquet.

l'accusation citera également plusieurs personnes détenues au Rwanda, pour complicité de génocide. Il n'est pas clair si l'ancienne présentatrice à la RTLM, Valérie Bemeriki, détenue à Kigali, fait partie des témoins du parquet.

Les avocats de la défense se sont montrés préoccupés par des modifications fréquentes de la liste des témoins du parquet, affirmant que cela porte préjudice à leurs clients.

Le procès des médias concerne l'ancien promoteur de la RTLM, Ferdinand Nahimana, l'ancien directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze, ainsi que l'ancien conseiller politique au ministère des affaires étrangères et membre du comité D'initiative de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza.

Commentant la situation des témoins du parquet, l'avocat béninois de Barayagwiza, Me Alfred Pognon, s'est demandé si : "les actes D'accusation n'ont pas été des constructions intellectuelles du parquet. " et si "ce procès n'est pas un procès biaisé". "Voilà que maintenant il y a tellement de problèmes, des dédits, des fuites, qu'il y a toutes sortes de choses", a ajouté Me Pognon.

La semaine dernière, deux témoins du parquet s'étaient désistés, l'un après avoir prié profondément et conclu que sa déclaration, recueuillie par des enquêteurs, contenait des "mensonges", l'autre pour "perte de mémoire".

l'avocat français de Ferdinand Nahimana, Me Jean-Marie Biju-Duval, s'est pour sa part plaint de répétitives communications tardives de déclarations de témoins à charge, indiquant que "cela est particulièrement choquant et je souhaite que la chambre stigmatise cette situation là et la sanctionne." l'une des sanctions possibles, ce serait que de telles déclarations soient écartées des débats, a plaidé Me Biju-Duval.

AT/MBR/FH (ME_0702A )