18.06.2001 - ICTR/BUTARE - LA DEFENSE EXIGE LES ORIGINAUX DES VIDEOS MONTRANT DES SITES DE MASSACRES

Arusha, le 18 juin, 2001 (FH) - Les conseils de la défense dans le procès du "groupe de Butare" (sud du Rwanda) ont exigé qu'un témoin produise les originaux des cassettes vidéo montrant des sites des crimes allégués à Butare durant le génocide de 1994, au cours de sa déposition lundi devant le Tribunal pénal international pour la Rwanda (TPIR). Sont concernés par ce procès, l'ex-ministre de la famille et de la promotion féminine, Pauline Nyiramasuhuko, première femme à être inculpée par une juridiction internationale, ainsi que son fils Arsène Shalom Ntahobali, les ex-préfets Alphonse Nteziryayo et Sylvain Nsabimana, et deux ex-maires: celui de Ngoma et de Muganza, respectivement Joseph Kanyabashi et Elie Ndayambaje.

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Un des co-accusés dans ce procès, Arsène Shalom Ntahobali, s'est opposé à ce qu'une cassette vidéo soit versée au dossier comme pièce à conviction, arguant que c'est un montage, en raison notamment des incongruités apparentes au niveau des heures du tournage. Tournée le 12 octobre 2000, la cassette montrait différents lieux à Butare, où étaient érigés des barrages routiers allégués pendant le génocide de 1994, mais le minutage montrait tantôt des heures de la matinée, tantôt celles de la soirée.

Le témoin, un enquêteur jordanien du TPIR nommé Gandhi Chukri, a reconnu que la vidéo "contient des images retirées sur trois cassettes originales", et que ces dernières "se trouvent dans la section des enquêtes à Kigali".

Les conseils de la défense ont alors tour à tour réagi vigoureusement à cet état de fait. "Nous n'avons aucune preuve de l'authenticité ou de conformité des cassettes montrées ici et leurs originaux qui sont à Kigali"; ont-ils déclaré, ajoutant que "il s'agit D'une juxtaposition D'extraits de jours différents et D'heures différentes, cela ne peut relever que D'un montage"; ou encore, "le procès se déroule ici et pas dans la salle de pièces à convictions de Kigali, c'est ici que sera établie la culpabilité de chacun des accusés".

La représentante italienne du procureur, Silvana Arbia, a tenté D'expliquer que "tout est tout à fait clair" avec les images telles qu'arrangées sur vidéo, ce qui a amené le juge président à relever que "la pratique du bureau du procureur ne doit pas être suivie à la lettre par la chambre, car nous devons évaluer les moyens de preuve". Un des conseils de la défense a alors déclaré : "Notre confrère en face ne comprend pas la différence entre l'original et sa copie".

Après plus D'une heure de débats, la chambre a décidé que "le procureur prenne des mesures nécessaires" pour produire les cassettes en original qui sont à Kigali, mais que "les vidéos cassettes déjà admises comme pièces à conviction demeurent "telles qu'elles sont. "La défense est en droit D'examiner les originaux des extraits de la cassette vidéo réarrangée pour s'assurer que les extraits réarrangés reflètent les cassettes originales", a relevé le juge tanzanien, William Sekule, qui présidait les débats.

Le premier témoin à charge, Gandhi Chukri, dépose depuis le 12 juin. Sa déposition devrait se poursuivre mardi, toujours en interrogatoire principal.

GA/AT/PHD/FH (CY_0618A)