12.06.2001 - TPIR/BUTARE - LE GENOCIDE RESTE A PROUVER DANS CHAQUE PROCES, SELON LE PARQUET

Arusha 12 juin 2001(FH)- Le procureur du Tribunal pénal international pour le Rwanda(TPIR) a toujours "la lourde tâche de prouver le génocide" rwandais, a déclaré son représentant lors D'une déclaration liminaire à l'ouverture du procès contre six accusés de crimes commis en préfecture de Butare (sud du Rwanda), mardi à Arusha. Sont concernés par ce procès, l'ex-ministre de la famille et de la promotion féminine, Pauline Nyiramasuhuko, première femme à être inculpée par une juridiction internationale, ainsi que son fils Arsène Shalom Ntahobali, les ex-préfets Alphonse Nteziryayo et Sylvain Nsabimana, et deux ex-maires : celui de Ngoma et de Muganza, respectivement Joseph Kanyabashi et Elie Ndayambaje.

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Les six accusés sont poursuivis pour génocide, entente en vue de commettre le génocide, complicité dans le génocide, crimes contre l'humanité, et violations graves des conventions de Genève applicables en temps de guerre.

"La charge de preuve du procureur est très lourde" a déclaré la représentante italienne du parquet ,Silvana Arbia. "Les faits qui leur sont reprochés sont liés à l'ethnicité, mais il y a toujours une question: est-ce qu'il y a eu génocide au Rwanda? A Butare? C'est une question qu'il faut toujours se poser" a-t-elle poursuivi.

"Tout le monde a parlé de génocide, mais cette notion ne vaut rien dans ce procès. Il faut le prouver. Le procureur doit prouver que ces massacres constituent un génocide" a dit Silvana Arbia. Dans certains milieux, on a toujours affirmé que les massacres de Tutsis au Rwanda étaient une réaction de la population hutue à l'attentat contre l'avion de l'ex-président rwandais Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994.

La représentante du parquet a indiqué que "des preuves montrent que l'extermination des Tutsis , avait été planifiée longtemps avant 1994". "l'existence D'un plan, D'une stratégie D'extermination découle des faits" a avancé la représentante du parquet. Silvana Arbia a notamment cité "la propagande à travers des discours publics incitant à la haine" "Déjà en 1992, Léon Mugesera, lors D'une conférence publique a lancé un appel à tuer les Tutsis. Les médias avaient également mis sur pied une campagne incitant à la haine et à la vengeance ethniques" a déclaré la représentante du procureur.

La représentante du parquet a également mentionné la distribution D'armes qu'avait déjà dénoncée en 1993 l'évêque du Nyundo (préfecture de Gisenyi, nord ouest du Rwanda). "Un camp D'entraînement des miliciens était établi au Mutara, et donc il y avait un projet bien préparé" a ajouté Arbia, qui a également parlé de " l'établissement des listes des Tutsis à exterminer." Silvana Arbia a affirmé que ce plan D'extermination bien préparé avait par ailleurs "été testé sur le terrain", évoquant "les attaques de Murambi (préfecture Umutara, à l'est du Rwanda) en 1991 où l'on a eu des morts, des maisons brûlées et 300 Tutsis déplacés". Elle a également justifié ce test par les massacres de Bugesera en mars 1992, et ceux de Kibuye en octobre 1992, attaques effectuées "avec les mêmes méthodes " selon le procureur.

Préfecture "abandonnée par le régime"

Silvana Arbia qui a consacré une grande partie de sa déclaration liminaire à l'histoire du Rwanda, a qualifié la préfecture de Butare D' "abandonnée par le régime Habyarimana, qui était caractérisé par le régionalisme.

Le procès du "groupe Butare" se déroule devant la deuxième chambre de première instance du TPIR, présidée par le juge tanzanien William Hussein Sekule, et composée par ailleurs de deux nouveaux juges, la Malgache Arlette Ramaroson, et le Lesothan Winston Churchill Matanzima Maqutu . Le premier témoin de l'accusation devrait être entendu mercredi après-midi.

BN/AT/PHD/FH(BT_0612B)