23.05.2001 - TPIR/MEDIAS - FERDINAND NAHIMANA VERITABLE PATRON DE LA RTLM, SELON UN JOURNALISTE

Arusha 23 mai 2001 (FH) - Un témoin de l'accusation a qualifié Ferdinand Nahimana de patron de la Radio-télévision libre des milles collines (RTLM) lors de sa déposition mercredi dans le procès des anciens responsables des "médias de la haine" en cours devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Le vingt et unième témoin du parquet, le journaliste rwandais Thomas Kamilindi, a affirmé que bien que Ferdinand Nahimana n'exerçait aucune fonction officielle dans la structure de la RTLM, c'était lui qui en était le "patron D'office".

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Le témoin a expliqué que la RTLM avait une structure provisoire en prévision de la convocation D'une assemblée générale des actionnaires qui devait installer des organes permanents.

"C'est vrai M.Nahimana en particulier n'avait pas de fonction tout à fait officielle dans cette structure provisoire. Mais vrai idéologue, véritable idéologue, cerveau du projet, penseur du projet, c'est tout ça M. Nahimana pour la RTLM", a déclaré Thomas Kamilindi. "Et tout ça faisait D'office de lui le patron qui donnait des ordres, des ordres qu'on ne pouvait pas contester. Grosso modo c'est ça", a poursuivi Thomas Kamilindi.

Le débat avait été suscité par une interview de l'ancienne présentatrice à la RTLM détenue au Rwanda, Valérie Bemeriki, réalisée par le témoin en 1999, au cours de laquelle elle affirmait que son patron à la RTLM était Phocas Habimana. La défense de Ferdinand Nahimana soutient que l'accusé n'était pas directeur de la RTLM comme l'allègue le parquet.

Lors de l'interview, Valérie Bemeriki avait déclaré qu'à la RTLM, elle avait agi sous pression D'un des ses patrons, citant nommément Phocas Habimana, ainsi que du "pouvoir en place à l'époque". Thomas Kamilindi a indiqué que des journalistes de la RTLM "auraient dû ne pas rentrer dans cette partisanerie" par respect de la déontologie ou par conscience.

Le parquet allègue qu’en 1994, des Tutsis et d’autres personnes ont été tuées ou ont subi des atteintes graves à leur intégrité physique ou mentale à cause des émissions de la RTLM. Le témoin a soutenu que dans la culture rwandaise, on recourrait souvent au double langage. Il a en outre minimisé les risques D'interprétaion erronée des messages. "On peut faire une erreur D'interprétation. Mais une erreur D'interprétation ne peut être commise par un peuple qui vit sa culture", a-t-il souligné.

Il n'est pas encore sûr que Valérie Bemeriki sera appelée à témoigner dans ce procès. En revanche, il a été confirmé mercredi qu'un autre ancien présentateur à la RTLM, l'Italo-Belge Georges Ruggiu, qui a plaidé coupable devant le TPIR, sera entendu le 20 août, sur citation du parquet.

Le procès concerne, outre Ferdinand Nahimana, l'ancien directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze, ainsi que l'ancien conseiller politique au ministère des affaires étrangères et membre du comité D'initiative de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza. Jean-Bosco Barayagwiza boycotte ce procès depuis son ouverture sur le fond en octobre 2000 et ne reconnaît pas les avocats commis D'office à sa défense.

Thomas Kamilindi a terminé sa déposition mercredi en fin de matinée. Le procès se poursuit jeudi.

AT/PHD/FH (ME_0523A)