25.04.2001 - TPIR/SEMANZA - L’ANCIEN MAIRE DECLARE NE RIEN COMPRENDRE DE SON PROCES

Arusha 25 avril 2001( FH)- l'ancien maire de Bicumbi (préfecture de Kigali rural, centre-est du Rwanda), Laurent Semanza, a déclaré mercredi ne rien comprendre de son procès pourtant très avancé devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Au cours de la déposition de l'avant dernier témoin de l'accusation, l'accusé a réitéré sa demande, maintes fois soulevée selon lui, D'obtenir un traducteur des documents qui lui sont régulièrement transmis.

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l'ancien maire demande que les documents soient traduits dans une langue qu'il maîtrise, en l'occurrence sa langue maternelle, le kinyarwanda.

"Depuis longtemps, M. le président, J'ai demandé un traducteur. Je ne comprends pas l'anglais, mon français n’est pas aussi très bon. J'ai envoyé des lettres au greffe qui sont restées sans suite. On m'envoie pourtant toujours des documents en anglais et en français. Vous voyez que vous jugez quelqu'un qui ne comprend rien, qui ne sait pas où il est. En fait vous jugez un sourd. Vous voyez où arrive le procès, pratiquement J'aurai terminé le procès sans savoir de quoi il s'agit", a dit en substance l'accusé dans un français approximatif, corrigé par le rédacteur de l’agence Hirondelle.

Le juge russe Jakov Ostrovsky qui présidait les débats, lui a répondu: "Vous avez le droit de recevoir les documents dans une langue que vous comprenez et que vous pouvez lire. Le greffe a compris et les mesures nécessaires seront prises".

l'avocat camerounais de Laurent Semanza, Me Charles Acheleke Taku, a souligné que le problème était plus sérieux qu'on ne le pensait. "Certains documents sont confidentiels, mais pour les traiter avec mon client, je dois recourir à un tiers, alors qu'ils ne devraient être soumis à la communication D'aucune autre personne" a-t-il dit.

Le substitut canadien D'origine nigériane du procureur, Chile Eboe-Osuji a estimé quant à lui qu'aucun problème ne se posait, arguant que selon la traduction qu'il avait reçu en anglais, les déclarations de l'accusé "étaient cohérentes".

La chambre a cependant estimé que le problème était important et qu'il exigeait une solution appropriée.

l'ancien maire a par ailleurs soulevé le problème du co-conseil qui ne s'est pas présenté depuis le mois de décembre dernier. Laurent Semanza a pour co-conseil le Béninois Me Sadikou Alao, avec qui il n'a pas de communication depuis bientôt cinq mois, a-t-il dit. L’accusé a ajouté que selon les dernières informations qu’il a reçues, Me Alao devrait subir une opération chirurgicale en France.

La chambre a recommandé au conseil principal de résoudre ce problème avec le greffe.

Poursuivi pour génocide et crimes contre l'humanité, Laurent Semanza est jugé par la troisième chambre de première instance du TPIR, présidée seulement dans cette affaire, par le juge russe Yakov Ostrovsyk, et composée par ailleurs des juges de Saint Kitts et Nevis, George Williams et de Slovénie, Pavel Dolenc.

BN/AT/PHD/FH(SE_0425A)